Une bombe à retardement démographique menace l’Europe

Le Vieux continent n’a jamais aussi bien porté son surnom. Population vieillissante et natalité en berne précipitent l’Europe vers une crise démographique qui, selon les économistes interrogés par le Financial Times, menace la croissance et les finances de ses États.

L’analyse des principales tendances démographiques en Europe met en évidence les défis qui attendent les décideurs européens.

L’Europe est en effet la région qui compte la population la plus âgée. L’âge médian y est de 43 ans, 12 de plus que dans le reste du monde. La longévité y est plus élevée et le taux de fécondité plus bas. À partir de 2021, la population commencera même à décliner, selon les prévisions des Nations Unies. En 2035, un Européen sur quatre devrait être âgé de 65 ans ou plus.

Par ailleurs, après avoir atteint un pic en 2010, le nombre de personnes en âge de travailler a baissé de 12 millions de personnes à l’aube de 2020, ce qui représente une diminution de 2,6%. En 2035, la chute devrait atteindre 50 millions de personnes par rapport à 2010.

Ce vieillissement de la population aura forcément un impact sur la croissance et les finances des États européens. Interrogé par le Financial Times, Philipp Engler, économiste au FMI, prévoit des réductions ‘substantielles’ du PIB par habitant dans les économies de l’UE. Quant à la Commission européenne, elle estime que les dépenses de santé pour les personnes âgées et les pensions, qui représentent déjà 25% du PIB de l’UE, augmenteront de 2,3 points de pourcentage d’ici 2040.

L’Europe du Sud et la fécondité

Dans les pays du sud de l’Europe, l’indice de fécondité n’est que de 1,37, alors qu’il doit atteindre 2 pour permettre un remplacement de la population. Le Portugal, la Grèce, l’Italie et l’Espagne figurent dans le top 10 mondial des pays où le nombre de naissance par femme est le plus faible.

De multiples raisons (mauvaises perspectives d’emploi, bas salaires, absence de politiques favorables à la famille, etc.) ont conduit les couples à avoir moins d’enfants, et plus tard.

Selon Nikolai Botev, qui a travaillé pour le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), ‘les femmes d’Europe du Sud jouissent de l’égalité en termes d’éducation et d’emploi, mais au sein de la famille, les rôles traditionnels des sexes persistent, les femmes devant assumer une grande partie des responsabilités du ménage’, explique-t-il au FT.

L’Europe de l’Est et l’émigration

Enfin, en Europe de l’Est, c’est l’émigration qui joue un facteur déterminant. Le quotidien économique britannique cite l’exemple de la Roumanie: au cours des 20 dernières années, il y a eu 3,4 millions de personnes de plus qui ont quitté le pays par rapport à celles qui s’y sont installées… Sur une population d’environ 19 millions d’habitants.

Au cours de la même période, un solde migratoire négatif a également été enregistré en Estonie, en Lettonie, en Lituanie, en Croatie, en Serbie et en Bulgarie.

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