Principaux renseignements
- L’objectif de neutralité climatique de l’UE d’ici 2050 se heurte à des obstacles importants, notamment la guerre en Ukraine et la pandémie de Covid.
- Le financement de la transition vers des sources d’énergie plus vertes est un domaine clé du débat, les experts suggérant que des mécanismes de financement public et des investissements privés sont nécessaires.
- L’harmonisation des marchés de l’énergie dans l’UE est essentielle pour atteindre les objectifs climatiques, mais des politiques divergentes peuvent créer des conditions de concurrence inégales.
L’objectif ambitieux de l’UE de devenir neutre sur le plan climatique d’ici 2050, décrit dans le « Green Deal » européen, se heurte à des obstacles de taille. Alors que l’activité économique mondiale dépendant de la nature atteint environ 40 000 milliards d’euros, comme le souligne le Forum économique mondial, des crises immédiates telles que la guerre en Ukraine et la pandémie de Covid ont détourné l’attention et les ressources des objectifs climatiques à long terme.
Le Conseil consultatif scientifique européen sur le changement climatique a lancé un avertissement sévère en juin, déclarant que la planification actuelle des infrastructures énergétiques est incompatible avec les objectifs climatiques de l’UE pour 2030 et son objectif de neutralité pour 2050. Malgré ces difficultés, les experts soulignent qu’il est urgent de passer à des sources d’énergie plus vertes. Non seulement la crise climatique suscite des préoccupations sanitaires pressantes, mais les économies de l’UE risquent de prendre du retard au niveau mondial si elles restent fortement dépendantes des combustibles fossiles.
Financer la transition
Le financement de cette transition est un domaine clé du débat. Si les dirigeants européens se disent confiants dans la réalisation de cette transition, des mécanismes de financement efficaces sont cruciaux. L’intégration des technologies vertes dans la production d’énergie entraînera probablement des coûts initiaux plus élevés, ce qui soulève la question de savoir qui doit supporter ces dépenses. Fabien Roques, vice-président exécutif de Compass Lexecon, suggère un débat public sur les sources de financement, notant que la loi américaine sur la réduction de l’inflation, qui s’appuie sur des mesures fiscales et l’argent des contribuables, offre un modèle potentiel.
D’autres solutions consistent à augmenter les coûts de l’énergie pour inciter à une consommation durable, mais cette approche soulève des inquiétudes quant à la capacité financière des ménages déjà confrontés à l’augmentation de leurs frais de subsistance. L’Agence internationale de l’énergie estime qu’environ 30 pour cent du financement mondial de la lutte contre le changement climatique doit provenir du secteur public, tandis que les 70 pour cent restants devraient provenir d’investissements privés.
Options de financement vert
Les obligations vertes et d’autres instruments financiers peuvent jouer un rôle important pour attirer les capitaux privés. Christian Ehler, membre du Parlement européen pour le parti PPE, soutient que la réforme du marché est essentielle pour garantir un financement adéquat de la transition verte. Il souligne la nature fragmentée du marché financier européen, qui entrave les investissements transfrontaliers et limite la capacité des banques à financer les initiatives vertes.
M. Ehler plaide en faveur d’une Union des marchés de capitaux, visant à créer un marché unique des capitaux dans toute l’UE, afin d’améliorer les possibilités d’investissement. Il souligne également la nécessité de mettre en place des mécanismes de soutien pour permettre aux États membres d’accéder efficacement à ces fonds, critiquant les complexités du mécanisme de redressement et de résilience post-Covid qui ont empêché de nombreux pays d’utiliser les ressources disponibles.
Harmoniser les marchés de l’énergie
Pierre Schellekens, qui dirige la stratégie et la coordination à la direction générale de l’énergie de la Commission européenne, souligne l’importance d’harmoniser les marchés de l’énergie dans l’ensemble de l’UE. Il affirme que des politiques divergentes, notamment en ce qui concerne les compensations accordées aux industries à forte intensité énergétique qui dépendent des combustibles fossiles, peuvent créer des conditions de concurrence inégales et compromettre les objectifs climatiques de l’Union. Tout en reconnaissant que les conditions nationales peuvent ne pas être identiques, M. Schellekens suggère une approche plus unifiée alors que l’Europe se remet de sa récente crise énergétique et cherche à réduire sa dépendance aux subventions pour les combustibles fossiles.
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