Nouvelle tactique de la part de l’UE pour fermer les vannes au gaz russe : laisser plus de pouvoir aux États

Plus de pouvoirs aux États pour couper les vannes au gaz russe. C’est l’idée de l’UE pour couper ce débouché financier du Kremlin, sans payer des indemnités faramineuses pour rupture de contrat.

Pourquoi est-ce important ?

Après une période en berne, les revenus gaziers et pétroliers de la Russie sont repartis à la hausse, nourrissant d'autant les coffres de Poutine pour continuer sa guerre en Ukraine. Ils ont doublé le mois dernier, et c’est un constat d’échec pour les Occidentaux, qui doivent développer de nouvelles tactiques pour assécher ces revenus.

Une Union européenne pas tout à fait sevrée du gaz russe

Dans l’actualité : afin de réduire à néant ses dernières importations de gaz russe, l’UE s’apprête à donner aux États membres une plus grande marge de manœuvre. Ils pourront dorénavant de leur propre chef interdire aux entreprises de Russie et de Biélorussie d’acheter de la capacité de transport dans leurs gazoducs et leurs terminaux à GNL.

  • Actuellement, l’UE importe encore environ 10% de son gaz de sources russes, mais cette quantité dépend beaucoup d’un pays à l’autre. Les pays baltes et la Pologne ont entièrement dissocié leur filière énergétique des sources russes. Mais la Hongrie ou l’Autriche y restent encore fort dépendantes.
  • Selon un projet de texte juridique qui a pu être consulté par le Financial Times, l’idée de l’UE est d’offrir une base pour que les entreprises énergétiques de l’UE puissent casser des contrats avec des industries gazières russes ou biélorusses, et ce, sans devoir leur payer des indemnités.
  • L’Union espère ainsi en finir avec ces 10 derniers pourcents en poussant les États membres à couper eux-mêmes les importations. Ils seraient autorisés à « limiter partiellement ou, le cas échéant, complètement » l’accès à leurs infrastructures, dit le texte. Et ce, « pour protéger leurs intérêts de sécurité essentiels. » Cela leur laisse une grande marge de manœuvre.

Objectif sobriété en 2027

Consommer du gaz russe, c’est une chose ; lui permettre de transiter en est une autre. Et c’est là que le bât blesse : outre les 10% de gaz russe dans le mix énergétique européen, le Kremlin peut encore utiliser nos infrastructures pour faire circuler son gaz vers d’autres destinations. C’est d’ailleurs le cas dans notre pays, où la ministre belge de l’Énergie Tinne Van der Straeten confirme au FT que du gaz russe emprunte notre terminal gazier. « Nous n’en avons pas besoin pour nous-mêmes, mais les pays voisins en ont encore besoin », résume-t-elle.

  • L’UE veut donc offrir à des pays qui se réfugient derrière des obligations commerciales les outils pour fermer les vannes. Cela concerne notre pays, mais aussi l’Allemagne et l’Espagne. Les Pays-Bas ont entretemps déjà refusé de renouveler des contrats gaziers avec des entités russes.
  • Ce projet de texte devrait être approuvé par le Parlement européen ce vendredi. Il devra ensuite être formellement approuvé par le Parlement et les États membres. L’UE s’est donnée comme échéance 2027 pour ne plus absorber ou faire transiter la moindre goutte de gaz russe.
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