La bataille contre les revenus du gaz et du pétrole du Kremlin est loin d’être terminée

Les sanctions contre la Russie comme le plafond pétrolier ont été un temps efficaces. Mais ça sera une longue partie d’échecs. L’objectif de réduire de moitié les revenus du gaz et du pétrole du Kremlin reste réaliste ; mais cela risque d’occuper le G7 et l’UE jusqu’en 2030.

Le contexte : si l’Europe s’est à peu près sevrée du gaz russe, le combat pour tarir les revenus énergétiques de Poutine – et donc son budget pour continuer sa guerre en Ukraine – est loin d’être gagné. Le plafond des prix de 60 dollars le baril mis en place par l’UE et le G7 a fait son temps. C’est le moment de passer à autre chose, et des filets aux mailles aussi serrées que drastiques sont à l’étude – jusqu’au quasi-blocus pour raisons environnementales.

Objectif 2030

Un combat de longue haleine : quoique les Occidentaux mettent en place, nul doute que le Kremlin cherchera une riposte. Comme une longue partie d’échecs où chaque coup d’un joueur répond au dernier de son adversaire. Et à ce rythme-là, même si l’UE et le G7 gardent l’initiative, le duel peut durer.

  • Geoffrey Pyatt, secrétaire d’État adjoint américain pour les ressources énergétiques, a déclaré au Financial Times que les sanctions devront se maintenir « pendant des années à venir ». Et donc être renouvelées à chaque mouvement des Russes pour les contrecarrer et écouler leur gaz et leur pétrole en douce.
  • « C’est quelque chose à quoi nous allons devoir nous tenir pendant des années à venir, tant que Poutine persiste dans cette guerre », insiste-t-il. Or, selon l’Agence internationale de l’énergie, il est possible de réduire de moitié les revenus énergétiques du Kremlin. Mais il faudra soutenir l’effort durant toute la décennie actuelle, pour obtenir ce résultat en 2030.

Du long terme ? Pas tant que ça. À l’échelle de l’équilibre stratégique, 2030, c’est demain, d’autant plus si l’on garde en tête que la guerre russo-ukrainienne n’est pas un coup d’éclat de 2022, mais que l’invasion n’était qu’une nouvelle étape dans un conflit larvé qui a commencé en 2014. C’est d’ailleurs ainsi qu’on voit les choses à Kiev. Dans ce contexte, espérer une victoire rapide, militaire ou économique, serait dangereusement trompeur.

« L’objectif de ces sanctions est de changer le comportement de la Russie et de garantir que Poutine ne soit pas en position, chaque fois qu’une sorte de paix est atteinte, d’utiliser trois ou quatre ans pour se réarmer et se préparer, lui et son armée, pour une troisième phase de l’invasion de l’Ukraine. »

Geoffrey Pyatt

De nouvelles sanctions contre la Russie

Reste à se mettre d’accord sur de nouvelles tactiques pour empêcher Poutine d’acheminer son pétrole avec sa flotte de pétroliers fantômes.

  • Plus tôt ce mois-ci, le Département du Trésor américain envisageait un renfort des contrôles à l’entrée des ports. En Baltique par exemple : si le Danemark se met à contrôler drastiquement les assurances de tous les navires pétroliers passant dans ses eaux, on peut espérer un véritable effet de goulot.
  • En novembre, les États-Unis ont également annoncé des sanctions contre la filière du gaz naturel liquéfié Arctic LNG 2 que la Russie veut installer dans l’Arctique.
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