Dans une quête obsessionnelle visant à savoir d’où les journalistes détenaient leurs informations ayant trait aux liens entre ses associés et la Russie, Donald Trump a poussé Apple à lui livrer des métadonnées sur une douzaine de personnes, dont au moins deux élus démocrates.
Ce jeudi, le New York Times a révélé que l’administration Trump avait assigné Apple pour qu’elle lui livre des métadonnées sur une douzaine de personnes, en 2017 et 2018. Parmi elles, il y a au moins deux élus démocrates qui étaient alors membres de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, dont Adam Schiff, devenu président de la commission en janvier 2019.
Les autres personnes ciblées par l’administration Trump étaient des assistants du Congrès, tous proches de cette même commission. Les métadonnées des membres de leur famille, dont au moins un mineur, ont également dû être livrées par Apple.
Une mission que l’administration Trump avait confiée au département de la Justice, qui s’est exécutée via le procureur général (républicain) de l’époque Jeff Sessions. Son successeur, William Barr (républicain), avait ensuite demandé à Osmar Benvenuto, un procureur de confiance du New Jersey, de poursuivre le travail.
L’objectif de l’enquête était, d’après le New York Times, de savoir qui étaient les démocrates qui parlaient aux médias des contacts entre les associés de Trump et la Russie. Finalement, malgré les données obtenues, l’équipe de Trump n’est pas parvenue à faire la lumière sur l’affaire.
Les démocrates scandalisés
Si le New York Times précise bien qu’Apple n’a été contraint de fournir que des métadonnées (et non des photos ou des e-mails), celles-ci peuvent tout de même s’avérer très utiles. Comme le signale The Verge, on peut en apprendre beaucoup lorsqu’on sait où, quand et à qui une certaine personne a parlé. D’autant plus si ces informations sont combinées à d’autres.
Nancy Pelosi, l’actuelle présidente (démocrate) de la chambre des Représentants, a eu tôt fait de réagir à cette révélation.
‘Les nouvelles concernant la politisation du département de la Justice de l’administration Trump sont déchirantes. Ces actions semblent être une autre attaque flagrante contre notre démocratie menée par l’ancien président’, a-t-elle déploré, via un communiqué.
Adam Schiff, un des principaux démocrates visés par l’enquête, a accordé une interview au New York Times. D’après lui, Trump a utilisé le département de la Justice comme un ‘gourdin contre ses adversaires politiques et les membres des médias’.
En effet, on avait déjà appris précédemment que l’administration Trump aurait également ciblé des journalistes (CNN, New York Times, Washington Post, notamment) en vue d’obtenir leurs enregistrements téléphoniques et leurs e-mails.
Une enquête sur l’enquête ?
Actuel président de la commission du renseignement, Adam Schiff ne veut pas s’arrêter là.
‘Il est de plus en plus évident que ces demandes ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. La politisation du département et les attaques contre l’État de droit font partie des attaques les plus dangereuses contre notre démocratie menées par l’ancien président’, a-t-il dénoncé.
Par ailleurs, Schiff a demandé qu’un inspecteur général indépendant enquête sur cette enquête autour des membres de la commission du renseignement, et sur toute autre personne qui ‘suggère l’armement des forces de l’ordre.’
Nancy Pelosi a apporté son soutien à cette démarche. ‘La transparence est essentielle’, a-t-elle déclaré.
Apple s’est refusé à tout commentaire.
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