« Il est trop tôt pour spéculer sur une baisse des taux », estime le gouverneur de la Banque de France

La Banque Centrale européenne (BCE) a, lors de sa dernière réunion, augmenté les taux d’intérêt jusqu’à 4%. Lors d’une explication de cette décision, Christine Lagarde, présidente de l’institution monétaire, a laissé entendre que cela pourrait bien être la dernière augmentation. Néanmoins, selon Francois Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, il est trop tôt pour spéculer sur une réduction des taux d’intérêt.

Pourquoi est-ce important ?

La BCE augmente les taux d'intérêt pour réduire l'inflation. Depuis le début de la politique de resserrement, l'été dernier, le taux directeur est passé de -0,5 à 4%. C'est une augmentation de 450 points de base en un peu plus d'un an. Épargner devient ainsi plus attractif et emprunter plus coûteux. La banque centrale souhaite ainsi réduire les flux de capitaux vers l'économie réelle, entrainant une réduction des prix en conséquence.

Contexte : Le 14 septembre, la BCE a augmenté les taux d’intérêt de 25 points de base, les portant ainsi à 4%. C’est le niveau le plus élevé de l’histoire de l’institution européenne.

  • Lagarde avait alors laissé entendre que les augmentations de taux d’intérêt avaient pris fin. « Selon l’évaluation actuelle, les taux ont atteint un niveau suffisamment élevé pour réduire l’inflation à 2 % (l’objectif de la BCE, NDLR) », avait-elle déclaré.
  • « Ce message est une nouveauté importante. La BCE semble suggérer que le cycle des taux d’intérêt a atteint son sommet », a signalé Jens Eisenschmidt, économiste en chef chez Morgan Stanley.

La baisse des taux n’est pas pour demain

Dans l’actualité : Maintenant qu’un sommet des taux d’intérêt est très probable, les marchés anticipent déjà la première réduction des taux. Villeroy de Galhau a averti lors d’une conversation avec CNBC qu’ils devront attendre encore un peu.

  • « Il est encore trop tôt pour spéculer sur une telle modification des taux », a-t-il déclaré. « Les taux d’intérêt doivent rester à ce niveau suffisamment longtemps. »
  • Le gouverneur de la Banque de France a déjà mentionné lors d’une conférence de la banque centrale que le risque d’en faire trop – et potentiellement de provoquer une récession – et le risque de ne pas en faire assez sont maintenant symétriquement équilibrés après la série de hausses.
  • « Si la BCE en faisait trop, la banque centrale pourrait risquer de devoir changer rapidement de cap », a-t-il déclaré. « C’est pourquoi ‘tester jusqu’à la rupture’ n’est pas une manière sage de calibrer la politique monétaire. »
  • Marc Danneels, Directeur des Investissements chez Beobank, partage cette opinion. « Le niveau actuel doit suffire à contrôler l’inflation. Trop d’augmentations des taux d’intérêt comportent en effet le risque de récession économique », écrivait-il dans une tribune sur Business AM.
  • Plus tôt cette année, la zone euro a pu éviter de justesse un tel scénario. Après une contraction au quatrième trimestre de 2022, le PIB avait augmenté de 0,1% au premier trimestre de cette année.
  • Au deuxième trimestre également, une croissance très modeste (0,1%) a été observée. C’est ce que révèle le dernier rapport de l’office statistique européen Eurostat. Une précédente prévision tablait néanmoins sur une croissance de 0,3%.
  • Selon le membre français du directoire de la BCE, la confiance accrue de l’institution monétaire que l’inflation baissera à 2% d’ici à 2025 pourrait lui permettre d’atteindre son objectif sans un « atterrissage brutal ».
  • Une inflation de 3,2% est espérée pour l’année prochaine.

MB

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