Tourisme à la sauce belge ou plus exotique: à quoi s’attendre pour nos vacances d’été?

Le secteur du tourisme semble reprendre lentement mais sûrement du poil de la bête. Les demandes de renseignement augmentent pour des réservations cet été, mais tout reste encore au conditionnel. Tous les acteurs attendent désormais de bonnes nouvelles du prochain Conseil national de sécurité ce mercredi 3 juin.

Les vacances d’été, on les a un peu tous en tête, avouons-le. Après un long confinement de plusieurs semaines et un déconfinement progressif entamé début mai, les Belges veulent désormais savoir s’ils pourront prendre le large pour profiter de cette météo qui semble se moquer de nous depuis… Le début du lockdown.

Le secteur se demande aussi s’il pourra sortir la tête hors de l’eau cet été grâce à un déconfinement plus poussé. Pour l’instant, c’est plutôt l’optimisme qui prime. ‘Ça commence à frétiller, il y a des demandes de renseignements, de l’intérêt’ révèle au journal Le Soir Jean-Luc Hans, vice-président francophone de l’association des tour-opérateurs (ABTO). ‘On voit la lumière au bout du tunnel’ confirme Wencke Lemmes, Vice-Présidente Corporate Communications de Brussels Airlines.

‘Le marché belge réagit de manière très positive puisque nous enregistrons actuellement des réservations pour les mois d’été,’ confirme à la RTBF Sarah Saucin, porte-parole de TUI Belgium, le plus gros tour-opérateur du pays. Mais déjà, on tempère les ardeurs: ‘Certaines agences disent déjà vendre pour juillet, d’autres disent que juillet-août c’est mort’, nuance Anne-Sophie Snyers, secrétaire générale de l’Union professionnelle des agents de voyage-UPAV).

Le secteur s’attend ainsi à une reprise des voyages plus lointains pour septembre-octobre. Des habitudes que certains souhaitent cependant voir disparaître. ‘Les 33 millions de visiteurs annuels à Venise, les bateaux de croisière géants, le milliard et demi de passagers aériens en plus chaque année depuis une décennie, c’est fini!’, martèle Karima Delli, présidente de la Commission des transports et du tourisme du Parlement européen. Elle dénonce fermement ces voyages de loisir lointains, ‘hyperpolluants, qui génèrent 8% des émissions de CO2 dans le monde’.

Manque d’harmonie européenne

Si vous souhaitez tout de même vous rendre à l’étranger, il faudra encore vous armer de patience. Le secteur touristique à l’échelle européenne manque cruellement d’harmonie, en témoigne la cacophonie créée ce week-end après l’annonce de la réouverture des frontières belges avec les pays frontaliers… Alors que la France bloquait toujours l’entrée. Des citoyens ont donc dû faire demi-tour, en ramenant dans leurs bagages une bonne dose de déception.

‘Je regrette que la communication n’ait pas suivi de manière aussi claire que la situation l’était’, a déclaré la Première ministre Sophie Wilmès (MR). ‘Il ne fait pas de doute que la communication a été mauvaise’, a de son côté avoué le ministre des Affaires étrangères, Philippe Goffin (MR), à la VRT. ‘Je présente donc mes excuses aux Belges qui ont tenté dimanche avant-midi d’aller en France.’ La France qui s’est dite favorable à une réouverture de ses frontières à partir du 15 juin, toujours à confirmer.

Au-delà de l’Hexagone, la coordination entre pays européens ne fait pas meilleure figure. ‘Certains aéroports veulent des tests de température d’autres pas. Le port du masque est obligatoire si on part d’Italie vers l’Allemagne ou qu’on en revient, mais uniquement à l’aller si on part d’Allemagne’, explique en exemple Wencke Lemmes de Brussels Airlines.

La compagnie a annoncé qu’elle reprendrait une partie de ses vols commerciaux à partir du 15 juin prochain et ajoutera jusqu’au 31 août des destinations à son réseau pour en atteindre 59 d’ici la fin de l’été. En Europe, un total de 45 destinations seront desservies dans 20 pays. Certains vols affichent déjà complets, mais ce ne serait qu’une illusion. ‘Il y a le report des vols programmés avant l’arrêt qui se fait sur de moindres fréquences, quand on aura un vol par jour là où il y en avait quatre, et pour lesquels nous n’avons pas encore la confirmation des passagers. Et en cas de besoin, on peut toujours augmenter les fréquences sur une même destination’, indique Brussels Airlines.

Cela reste encore à voir, puisque l’on ne prévoit déjà pas les grands déplacements habituels cet été. ‘La tendance sera de partir plus près’, indique Anne-Sophie Snyers de l’UPAV. ‘J’entends que les réservations en Wallonie et à la mer du Nord repartent […] Il reste tellement d’inconnues. Face à ces incertitudes, je crois que nos agents de voyages ont peur de la peur de leurs clients’ de partir loin. L’Union professionnelle des agents de voyage s’attend à une baisse globale des réservations de 40 à 60 % sur l’année 2020.

Déconfiner l’horeca

Mais revenons à nos moutons belges, puisque nombreux d’entre nous risquent ainsi de rester dans le plat pays cet été. Cela se constate déjà dans les chiffres, où les opérateurs locaux sont pour l’instant les grands gagnants. C’est ce que confirme un des plus gros opérateurs wallons, Ardennes-Étape, (plus de 2.000 logements en location, 10 % des nuitées en Wallonie): ‘On fait un très bon été. Entre le 15 mars et le 15 avril on a géré que des problèmes mais, depuis lors, on constate une bonne reprise’, indique Joris Vandendooren au Soir.

En Wallonie, le gouvernement de la Région vient d’approuver un programme de soutien d’urgence au secteur touristique wallon à hauteur de 6,5 millions d’euros. Ce plan proposé par la ministre du Tourisme Valérie De Bue (MR) doit permettre au secteur d’être prêt pour le retour massif des touristes… Quand le CNS l’autorisera.

‘Le tourisme wallon représente presque 5 % du PIB en termes de valeur ajoutée et 60.000 emplois temps-pleins impactés par la pandémie’, indiquait la ministre ce matin au micro de LN24. Elle a donc mis sur pied une campagne avec comme slogan ‘Changer d’air’ pour inciter les citoyens à visiter la Wallonie cet été.

Et pour assurer la survie du secteur, elle demande au Conseil national de sécurité d’ouvrir enfin l’horeca. ‘Il est important de pouvoir déconfiner le secteur horeca de manière parallèle et rouvrir en tenant compte des mesures de sécurité et de distanciation sociale.’

Car si ‘60% des attractions touristiques sont accessibles depuis le 18 mai, avec des mesures sanitaires pour protéger les citoyens’, cela a aussi pour eux ‘un impact car ils ne fonctionnent pas à pleine capacité. Il faut maintenant poursuivre le déconfinement et soutenir le secteur pour préparer la relance’ a affirmé la ministre wallonne du Tourisme. Rendez-vous au CNS mercredi.

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