C’est un petit changement sur le papier – si l’on peut dire – mais un grand chamboulement pour nos habitudes. À partir de ce 10 août, le ticket de caisse n’est plus d’un usage automatique en Wallonie, conformément à une proposition de loi déposée en mars dernier.
La Wallonie prend le pas de la France, qui applique une même norme depuis le 1er aout : le ticket de caisse ne sera pas imprimé automatiquement dans les magasins, mais seulement à la demande expresse du client. Aucun contrôle ni sanction ne sont toutefois envisagés pour l’instant à l’encontre des commerçants qui n’auraient que l’option papier à proposer, mais on voit mal comment le gouvernement wallon pourrait mettre en place des contraintes effectives un jour. Aucun calendrier n’a été communiqué à ce sujet.
Comment ça marche ?
C’est simple : le client n’a qu’à demander. Il peut obtenir son ticket au format papier, ou en version électronique dans la grande distribution.
- Dans l’horeca et les hôtels, le ticket de caisse doit encore être obligatoirement donné sous format papier.
- À l’annonce du projet, en 2021, l’association de protection des consommateurs Test-Achats l’estimait en l’état plutôt satisfaisante :
« En ce sens, nous soutenons la proposition de décret actuellement sur la table du Parlement wallon. Parce qu’elle ne prévoit pas sa suppression, mais la fin – d’ici deux ans – de son impression systématique. […] Parce que tout le monde n’a pas forcément d’adresse e-mail ni de smartphone et que l’on ne peut obliger un consommateur à activer sa 4G aux caisses d’un magasin pour ouvrir l’e-mail reçu et en télécharger le ticket juste pour en vérifier l’exactitude avant de quitter les lieux. »
Test Achats
Attention par contre à vos données : accepter de recevoir son ticket par mail, c’est dire oui aux conditions d’utilisation, celles qu’on ne lit jamais, mais qui offrent une porte d’entrée sur vos données. Cela veut dire plus de spams et autres courriers indésirables, vu qu’en donnant votre adresse, vous acceptez implicitement qu’elle soit utilisée pour vous contacter. Mais si vous avez un système de carte de fidélité ou de points bonus dans un magasin, c’était de toute façon déjà le cas.
Mais pourquoi faire ?
La Région wallonne avait motivé son projet de loi par des raisons de souci de l’environnement. Et on ne peut pas lui donner complètement tort, mais il y a des nuances à apporter.
- En France, on a ainsi calculé qu’un hypermarché consommerait en moyenne 10.000 rouleaux de papier par an rien que pour imprimer des tickets qui bien souvent finissent – au mieux – dans la première poubelle.
- En outre ce papier n’a rien d’anodin : il est chargé de substances nocives telles que le bisphénol F ou S.
- Mais de là à être moins écologiques qu’un mail, ça se discute. Car le coût énergétique de chaque interaction numérique est bien réel, bien qu’elle soit intangible. Selon l’organisation Carbon Literacy Project, un e-mail standard génère environ 4 g de CO2 ; avec une pièce jointe volumineuse, il produit jusqu’à 50 g de CO2. Le poids de nos échanges par mail est estimé à 410 millions de tonnes de CO2 par an. D’autant que leur stockage augmente aussi la note d’énergie et, soyons honnêtes, nos messageries ressemblent parfois à des décharges à ciel ouvert.
Et en Flandre ?
Le sujet est aussi sur la table dans le nord du pays. Zuhal Demir (N-VA), ministre flamande de l’Environnement, a demandé à l’agence de gestion des déchets OVAM d’étudier les avantages environnementaux d’une telle mesure.
Dans les faits, de nombreuses enseignes du pays avaient déjà pris l’habitude de demander aux clients s’ils désiraient un ticket avant de l’imprimer.