Mise à jour périlleuse d’Ethereum : Comme « changer le moteur d’une navette spatiale en plein vol »

Attendue la semaine prochaine, la mise à jour fondamentale de la blockchain constitue un moment crucial pour l’expansion de l’univers crypto : sa réussite accélèrera-t-elle l’adoption à la vitesse de la lumière ou son échec provoquera-t-il une onde de choc désastreuse sur le marché ?

Pourquoi est-ce important ?

Évènement historique attendu autour du 15 septembre prochain, la mise à jour « The Merge » désigne la fusion de la blockchain principale d'Ethereum, fonctionnant en PoW (proof-of-work, preuve de travail), avec la Beacon Chain, un réseau PoS (proof-of-stake, preuve de participation). Autrement dit, Beacon deviendra le moteur de consensus pour la production de blocs et toutes les données d’Ethereum. Le minage énergivore sera remplacé par le « staking » des validateurs qui assumeront le fonctionnement en plaçant en dépôt leurs cryptomonnaies (ETH). « La fusion réduira la consommation d’énergie d’Ethereum de ~99,95% », revendique ethereum.org.

Accéderons-nous au « nirvana écologique », s’interroge CoinTelegraph en observant la couverture par des médias mainstream de la révolution technique menée par les développeurs d’Ethereum. L’entreprise attire une attention croissante tant pour sa complexité que son potentiel perturbateur. Cette mise à jour représente « la plus grande évolution depuis Bitcoin », écrit Forbes.

Des douzaines de devs interviennent en ce moment dans le logiciel d’une blockchain sur laquelle reposent des milliers d’applications décentralisées et l’ether, la deuxième plus importante cryptomonnaie au monde en termes de de capitalisation de marché (186 milliards $). « Imaginez devoir changer le moteur d’une navette spatiale en plein vol », illustre mentalement le magazine américain.

Aucune autre blockchain majeure n’a subi de révision de cette ampleur. The Merge « jette les bases d’une blockchain publique plus scalable et plus accessible au grand public », notent les analystes de Citi. Pourtant, l’expérience des utilisateurs ne changera pas significativement. L’ajout d’un nouveau bloc prendra une ou deux secondes de moins qu’avant mais les processus et frais de transactions ne seront que marginalement affectés. Les grandes améliorations en termes de capacité n’interviendront que lors des prochains upgrades prévus.

« Une recette pour des problèmes »

Bien sûr, pour certains, il s’agit d’une très mauvaise pioche : les mineurs.  Ces participants aux réseaux, industriels ou particuliers qui avaient investi dans du matériel pour extraire de l’ETH, vont essuyer de lourdes pertes. Beaucoup de ces acteurs de la preuve de travail se préparent à migrer vers la nouvelle blockchain Ethereum pour y devenir validateurs. Des irréductibles ont néanmoins déjà déclaré qu’ils continueraient à soutenir l’actuelle version d’Ethereum.

La fusion d’Ethereum devrait à tout le moins rendre la blockchain plus efficiente sur le plan énergétique, rappelle le Wall Street Journal. Mais il y a tellement « de valeur à perdre » que les développeurs doivent se montrer extrêmement prudents à chaque étape de leur feuille de route pour veiller à ce qu’il n’apparaisse pas le moindre défaut. Apporter des changements critiques en direct sur un système opérationnel ressemble à une « recette pour des problèmes », poursuit le WSJ.

Ethereum offre une plateforme permettant aux devs de créer et exploiter des applications crypto, un peu comme IOS ou Android. À la différence près que, au lieu d’être contrôlées par Apple ou Google, ces apps sont décentralisées.

« C’est probablement la mise à niveau d’une blockchain la plus compliquée qui ait jamais eu lieu, mais la quantité de travail de préparation, de tests et d’analyses de sécurité qui ont été effectués est assez stupéfiante », rassure l’Ethereum Foundation.

La nouvelle méthode de consensus, la preuve d’enjeu (PoS), reste « moins testée au combat » que la preuve de travail (PoW) dont la sécurité est examinée de près depuis plus de dix ans. Autrement dit, de nouvelles vulnérabilités pourraient donc être découvertes, fait remarquer Bloomberg.

Les partisans de The Merge pensent que le risque s’avère inférieur aux avantages environnementaux et communautaires. Ce qui n’empêche pas à l’heure actuelle de se demander si la fusion ne va pas faire fondre tous les atouts de la première blockchain aux smart contracts.

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