En cinq ans à peine, Nothing s’est forgé une solide réputation sur le segment du milieu de gamme, notamment grâce à ses smartphones abordables et originaux. Mais la marque britannique vise désormais plus haut : avec le Nothing Phone (3), elle ambitionne de s’installer sur le marché du haut de gamme et de concurrencer des géants comme Apple ou Samsung.
Un design toujours aussi atypique
La singularité du design Nothing reste au cœur de l’ADN de la marque. Fidèle à son esthétique semi-transparente et à son interface logicielle pixelisée, le Phone (3) ne passe pas inaperçu. Comme l’a rappelé Carl Pei lors de la présentation à Londres, « les smartphones d’aujourd’hui sont ennuyeux » – et on comprend son intention de casser les codes visuels du marché.
Au dos, pas de bloc photo bien rangé comme chez la concurrence : les capteurs sont disséminés parmi des formes géométriques originales. C’est un peu déroutant, mais globalement réussi. En main, le smartphone impressionne par ses dimensions et son poids, surtout à une époque où la finesse semble être le mot d’ordre dans le haut de gamme. On remarque également la présence de quatre boutons physiques sur les tranches : ça fait beaucoup, non ?
À l’avant, le Phone (3) embarque une dalle AMOLED LTPO de 6,67 pouces (2800 x 1200), avec un taux de rafraîchissement adaptatif de 0 à 120 Hz. L’affichage est fluide et agréable, mais l’écran perd en lisibilité en plein soleil ou sous une forte lumière, un point à améliorer.
Le Glyph Matrix évolue… en gadget ?
Le système Glyph, véritable signature visuelle de la marque, évolue avec cette nouvelle génération. Fini le système de LED couvrant le dos de l’appareil : le Glyph Matrix est désormais concentré dans une pastille noire dans un coin, qui devient un mini-écran microLED. Il affiche l’heure, le niveau de batterie, les notifications et même quelques mini-jeux comme Pierre-feuille-ciseaux.
Sympathique sur le papier, l’idée reste pour l’instant un peu gadget. Si l’aspect personnalisation est intéressant, on doute que cela devienne un usage quotidien pour la majorité des utilisateurs. Pire : cette réduction du Glyph laisse penser que Nothing se dirige doucement vers un design plus sage, malgré ses discours sur l’originalité.
Des performances solides, mais pas extrêmes
Sous le capot, Nothing a fait un pari original : intégrer un Snapdragon 8s Gen 4, moins puissant que le 8 Gen 3 Elite que l’on retrouve chez les concurrents haut de gamme. Ce choix pourrait surprendre pour un flagship, mais dans les faits, la puce est bien optimisée. Le Phone (3) s’avère rapide, fluide et réactif, y compris en multitâche, en jeu ou lors de traitements plus lourds comme du montage vidéo.
On note cependant une certaine chauffe lors des sessions prolongées, sans que cela devienne problématique. Rien de rédhibitoire donc, mais les plus exigeants pourraient regretter l’absence de la puce la plus performante du moment.
Une expérience photo prometteuse, mais inégale
Côté photo, le Phone (3) s’équipe de trois capteurs arrière de 50 Mpx (grand-angle f/1.68, ultra grand-angle f/2.2 et téléobjectif 3x). À l’avant, un capteur selfie de 50 Mpx (f/2.2) complète l’ensemble. Sur le papier, la configuration est très ambitieuse.
En pratique, le smartphone s’en sort très bien en plein jour : les images sont nettes, bien exposées, avec une colorimétrie naturelle et un traitement logiciel discret — un vrai bon point pour les amateurs de rendu réaliste. En revanche, en basse lumière, le bruit numérique fait son apparition, les images perdent en piqué et le mode nuit n’apporte pas toujours les résultats espérés. Le téléphone se montre donc convaincant, mais reste un cran en dessous des meilleurs photophones du marché comme les Pixel ou Galaxy Ultra.
Une autonomie bien maîtrisée
Le Phone (3) embarque une batterie de 5.150 mAh, qui lui permet de tenir facilement une journée et demie en usage mixte, voire deux jours en usage modéré. Un excellent score dans sa catégorie. Il est compatible avec la charge rapide 65 W, permettant une recharge complète en moins d’une heure, ainsi qu’avec la charge sans fil 15 W et la charge inversée.
Autre point important : Nothing franchit un cap sur la partie logicielle en garantissant 5 ans de mises à jour Android et 7 ans de mises à jour de sécurité. C’est beaucoup mieux que sur les Phone (3a) et (3a) Pro.
Conclusion
Le Nothing Phone (3) marque une étape importante pour la jeune marque britannique. Original, puissant, bien conçu et doté d’un bon appareil photo, il incarne une vision rafraîchissante du smartphone haut de gamme, à un tarif plus abordable (849 euros) que les ténors du marché. S’il lui manque encore un peu de maturité sur certains points – notamment au niveau de la photo, de la lisibilité de son écran en extérieur et une vraie valeur ajoutée pour le Glyph Matrix -, il n’en reste pas moins un flagship convaincant, fidèle à l’ADN disruptif de Nothing. Un pari audacieux, qui pourrait bien ouvrir la voie à une nouvelle concurrence dans le paysage mobile. À moins que ses ambitions de conquérir le marché haut de gamme le force à rentrer dans les rangs.


