Test – Google Pixel 10 Pro Fold : le pliable qui mise sur la solidité plutôt que sur la finesse

Alors que la course au smartphone pliable ultra-fin s’intensifie, Google prend le contre-pied de la tendance. Avec son nouveau Pixel 10 Pro Fold, la firme de Mountain View fait le choix assumé de la robustesse et de la maîtrise logicielle, portée par son intelligence artificielle et son savoir-faire photographique. Un pari audacieux, mais est-il encore suffisant face à une concurrence qui file vers l’ultra-fin ?

Un design qui assume son gabarit

Avec la série des Pixel 10, Google a trouvé sa signature esthétique. Un design cohérent et élégant sur ses modèles traditionnels, mais qui peine à convaincre sur son format pliable. Tandis que Samsung, Honor ou Oppo misent sur des silhouettes toujours plus compactes, le Pixel 10 Pro Fold conserve la même formule que l’an dernier, donnant une impression de masse dès la prise en main.

Certes, la différence de taille est minime – à peine 1 mm de plus déplié et 2 mm une fois plié -, mais dans un segment obsédé par la finesse, cela se ressent. D’autant plus que ses lignes arrondies et ses angles adoucis lui confèrent un aspect moins raffiné, presque pataud. Avec 258 grammes sur la balance, il accuse également un surpoids certain face à ses rivaux, comme le Galaxy Z Fold 7 et ses 215 grammes.

Autre grief visuel : l’épaisse bordure autour de l’écran interne, qui donne un petit air d’un autre temps. Quant à l’écran externe, son format arrondi tranche avec la charnière carrée, créant un vide peu esthétique. Et pour ne rien arranger, la pliure de l’écran interne reste bien marquée, rappelant que Google a encore du chemin à parcourir en matière d’intégration.

Heureusement, tout n’est pas à jeter. En main, l’appareil se révèle agréable et rassurant, grâce à son côté solide. Les finitions sont impeccables, et l’ensemble respire la qualité. Mention spéciale à la certification IP68, rare sur un pliable, qui garantit une résistance à l’eau et à la poussière supérieure à celle du Z Fold 7 de Samsung (IP48).

Des écrans convaincants malgré la pliure

La pliure reste visible, certes, mais l’écran interne OLED de 8 pouces (2076 x 2152 px) offre une excellente expérience visuelle grâce à un taux de rafraîchissement adaptatif de 1 à 120 Hz et une luminosité soutenue. L’écran externe OLED de 6,4 pouces (2364 x 1080 px), lui, bénéficie du même rendu flatteur, avec un rafraîchissement de 60 à 120 Hz.

Les deux dalles délivrent des couleurs précises et équilibrées, fidèles à la réputation de Google sur la calibration d’image.

Performances solides, mais pas record

Sous le capot, Google inaugure sa nouvelle puce Tensor G5, épaulée par 16 Go de RAM et 256 Go de stockage. Le combo assure une fluidité exemplaire, que ce soit en multitâche, en jeu mobile ou en montage vidéo. Cependant, face aux Snapdragon 8 Elite des concurrents, les performances brutes restent en retrait, selon les tests.

Là où le Pixel 10 Pro Fold tire réellement son épingle du jeu, c’est sur le logiciel. Google exploite à merveille les possibilités offertes par Android sur un écran pliable : gestion multitâche fluide, optimisation des applis maison, et un écosystème qui s’améliore au fil des mises à jour. Mais il faut reconnaître que peu d’applications tierces sont encore adaptées à ce format – un frein que même Google ne peut totalement compenser.

Bonne nouvelle tout de même : comme le reste de la gamme, le Pixel 10 Pro Fold bénéficie de sept ans de mises à jour logicielles et de sécurité, un atout rare sur le marché.

Bien évidemment, toutes les fonctionnalités – nouvelles ou non – d’intelligence artificielle sont de la partie, dont « Traduction de voix » ou encore « Daily Hub », mais aussi la fonction Coach Photo, censée guider l’utilisateur, qui s’avère plutôt gadget et alourdit inutilement l’expérience.

Une photo toujours aussi bluffante

La photo reste le terrain de jeu favori de Google. Le Fold reprend la même configuration que son prédécesseur :

  • grand-angle 48 Mpx (f/1,7),
  • ultra grand-angle 10,5 Mpx (f/2,2),
  • téléobjectif x5 10,8 Mpx (f/3,1).

Mais c’est, une fois de plus, la puissance logicielle et les algorithmes d’IA qui font la différence. Les clichés sont nets, précis et bien exposés, de jour comme de nuit. L’ensemble reste parmi les meilleurs du marché, toutes catégories confondues.

Pas de zoom x100 ici. Google a réservé ça à ses deux autres Pixel 10 Pro. Le Fold se contente d’un x20, ce qui peut laisser un peu sur sa faim.

Autonomie correcte, charge toujours lente

Avec sa batterie de 5.015 mAh, le Pixel 10 Pro Fold offre une autonomie confortable : une journée complète d’usage mixte sans souci. Une belle performance pour un pliable.

Le vrai point noir reste la recharge, toujours limitée à 30 W. Il faut plus d’une heure pour refaire le plein, un retard difficile à justifier face aux standards chinois, bien plus rapides. Samsung ne fait guère mieux, certes, mais à ce niveau de prix, on s’attend à mieux.

Google introduit toutefois une nouveauté bienvenue : le PixelSnap, un système de recharge magnétique compatible avec les accessoires MagSafe. Une première dans l’univers Pixel, et une belle réussite.

Conclusion

Le Pixel 10 Pro Fold n’est ni le plus fin, ni le plus léger, ni le plus puissant des smartphones pliables. Pourtant, il séduit par sa robustesse, ses finitions irréprochables et un écosystème logiciel toujours plus abouti. Fidèle à sa philosophie, Google préfère la cohérence à la surenchère technique – un choix qui séduira les utilisateurs en quête d’un appareil fiable et durable. En revanche, ceux qui espéraient un pliable résolument futuriste risquent de rester sur leur faim, d’autant que son tarif particulièrement salé de 1.899 euros le place face à une concurrence désormais mieux armée. Au final, malgré ses qualités, difficile de ne pas regarder du côté des rivaux, souvent plus audacieux.

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