À l’appel de la Grèce et la Turquie, le président Macron entend mettre fin ‘aux violations de souveraineté’ en Méditerranée orientale.
Le différend concerne les eaux territoriales de la Grèce et celles de la Turquie, et il dure depuis un certain temps. En fait, depuis la découverte de gigantesques réserves de gaz. Les tensions sont particulièrement vives entre les deux États.
Provocation
Sous l’égide de l’Union européenne, les deux pays voisins ont tenté de parvenir à un accord. La semaine dernière, cependant, Erdogan a déclaré qu’il était fatigué d’attendre le résultat des pourparlers. Il a envoyé un navire dans les eaux situées entre la Crète et Chypre ce mardi pour effectuer des recherches d’hydrocarbures. Un tel navire effectue des essais et des prospections avant de procéder à un éventuel forage en mer.
Cependant, la Grèce revendique ce territoire sous-marin comme sa zone économique exclusive (ZEE). Selon le Premier ministre grec, la Turquie a ainsi menacé la paix en Méditerranée. La marine grecque a gardé un œil attentif sur le navire turc qui était entouré de vaisseaux de guerre. Kyriakos Mitsotakis a prévenu ‘qu’aucune provocation ne resterait sans réponse’. Tout ce petit monde rend la situation extrêmement tendue.
La réaction française
Dans un communiqué de presse, président Macron a annoncé mercredi qu’il augmentera sa présence militaire dans cette partie de la Méditerranée, à la suite d’un ‘entretien avec les autorités grecques’. Il s’agit concrètement de deux avions de combat Rafale et de deux navires de guerre, le porte-hélicoptères Tonnerre et la frégate La Fayette.
La France définit le but de sa présence militaire comme ‘la sauvegarde du respect du droit international’, mais veut aussi ‘renforcer l’appréciation autonome de la situation et affirmer l’attachement de la France à la libre circulation, à la sécurité de la navigation maritime en Méditerranée’. Or, la revendication turque sur les réserves de gaz dans cette zone, selon la Grèce, va à l’encontre du droit maritime international.
Pas la première confrontation
Il s’agit de la troisième confrontation militaire en Méditerranée en peu de temps. Le 10 juillet, une frégate française a tenté de contrôler un supposé navire de contrebande d’armes vers la Libye, soit une violation d’un embargo des Nations Unies. Cependant, ce navire était également escorté par des navires de guerre turcs. Lorsque le navire français a insisté pour le contrôle, la situation a dégénéré. Isolée, moins armée et ciblée par des tirs (à trois occasions), la frégate française est contrainte de laisser passer ce que la France considère toujours à ce jour être un navire de contrebande.
Une rencontre hostile similaire à celle de ce mardi a eu lieu il y a à peine deux semaines. La Turquie a déployé un navire sismique près de l’île grecque de Rhodes avec l’intention de forer pour trouver du gaz naturel. En réponse, la Grèce a envoyé certains de ses navires de guerre sur les lieux. La Turquie a répliqué par l’envoi d’avions de combat.
Après l’intervention de la chancelière allemande Angela Merkel, la Turquie s’est ensuite retirée, selon ses propres termes, montrant ‘un signe de bonne volonté’.
Consultation urgente
Justement, le président turc Recep Tayyip Erdogan doit rencontrer le président du Conseil européen Charles Michel et la chancelière allemande prochainement. Le président turc estime que la situation doit ‘être réglée par le dialogue et les négociations’, mais prévient qu’Ankara ‘ne laissera aucun pays empiéter ses droits’.
Le plus remarquable dans cette histoire c’est que la Grèce, la Turquie et la France sont en fait des alliés. Tous siègent à l’OTAN, une organisation dans laquelle chaque État s’est engagé à assurer une défense collective si l’un des membres est menacé.
Mais on le sait, l’entente entre l’État turc et l’Union européenne est au plus bas. La Grèce, en particulier, à toujours eu des relations compliquées avec son voisin, tout comme l’île de Chypre. La situation s’est particulièrement détériorée depuis le coup d’État manqué contre Erdogan en 2016.
Ce genre de tensions ne doit jamais être sous-estimé.