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Une quinzaine d’années de retard et un coût qui a plus que triplé : le premier réacteur nucléaire européen depuis Tchernobyl est enfin opérationnel

Une quinzaine d’années de retard et un coût qui a plus que triplé : le premier réacteur nucléaire européen depuis Tchernobyl est enfin opérationnel
Olkiluoto 3 – Getty Images

Le réacteur Olkiluoto 3, en Finlande, est pleinement en service et « a commencé la production d’électricité régulière », ce dimanche. Il s’agit ni plus ni moins du premier nouveau réacteur nucléaire commandé en Europe depuis la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986.

Pourquoi est-ce important ?

Alors que l'Allemagne vient de mettre hors service ses trois derniers réacteurs nucléaires, ce n'est pas du tout l'intention de toute une série d'États en Europe. Ce premier réacteur en 36 ans a connu de nombreuses difficultés, ce qui est mis en lumière de manière récurrente par ceux qui s'opposent à l'atome.

Dans l’actu : réacteur nucléaire EPR, Olkiluoto 3, de conception franco-allemande, a été mis en service en Finlande.

  • Ce 3e réacteur, qui a été construit par le consortium Areva-Siemens, a une capacité de 1,6 GW, ce qui en fait le plus puissant d’Europe.
  • Les 3 réacteurs de la centrale produiront, à terme, pas moins de 40% des besoins électriques des Finlandais.
  • Le premier EPR (réacteur pressurisé européen) en Europe a connu de nombreux aléas (béton poreux, microfissures, soudures défectueuses, etc.), jusqu’aux dernières phases de test laborieuses de ces derniers mois.
  • Olkiluoto 3 aurait dû être mis en service dès 2009. Son coût initial en 2005 avait été estimé à 3 milliards d’euros, le coût final est finalement de 11 milliards d’euros.

Le contexte : l’Europe prend deux chemins opposés pour l’énergie nucléaire.

  • Samedi, l’Allemagne abandonnait ses 3 derniers réacteurs. Mais la fin de l’énergie nucléaire n’est pas du tout dans les plans de la France qui mène un groupe d’États qui veut voir l’Europe adopter une véritable stratégie nucléaire. On y retrouve la Croatie, la République tchèque, la Hongrie, la Finlande, les Pays-Bas, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et la Pologne, qui a récemment annoncé son intention de construire 6 réacteurs.
  • Clairement, dans ce dossier, Berlin et Paris s’affrontent. Tous ont pour objectif de réduire leurs émissions de CO2. Ce qui diffère, c’est la méthode : l’Allemagne mise sur un mix énergétique qui à terme doit être 100% renouvelable. La France estime que le nucléaire doit faire partie de ce mix en tant qu’énergie décarbonnée.

L’essentiel : du temps et de l’argent.

  • Tout est une question de timing et de coût. Rappelons qu’en 2030, l’Europe s’est engagée à réduire ses émissions de 65%. Et le Vieux continent veut devenir neutre en carbone dès 2050.
  • La construction d’un EPR prend du temps, et ce n’est pas le réacteur de Flamanville, prévu pour le premier semestre 2024, qui dira le contraire : dans le meilleur des cas, la durée du chantier aura été multipliée par 4 et le coût par 5.
  • La France songe déjà à six EPR 2 et à des réacteurs modulaires (SMR) plus petits, mais cette dernière technologie n’est pas encore au point (au civil) et prendra des années.
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