À la demande du monde politique, l’Observatoire des prix du SPF Économie a réalisé une grande étude comparative des supermarchés, en Belgique et dans nos pays voisins : France, Pays-Bas et Allemagne.
Paye-t-on vraiment plus cher nos courses par rapport aux pays voisins ? Le tableau est plus nuancé qu’on ne le pense

Pourquoi est-ce important ?
2022 a marqué le retour de l'inflation dans la zone euro. Et la Belgique n'a certainement pas été épargnée, avec une inflation qui a dépassé les 12% en octobre dernier, poussée par les prix de l'énergie et l'inflation alimentaire, qui a pris 20% au plus haut de la vague. Cette hausse des coûts dans les supermarchés a vu de nombreux clients faire leurs courses à l'étranger. Aujourd'hui, cette inflation s'est largement calmée à 0,76%. Mais cela ne veut pas dire pour autant que les prix baissent.Dans l’actu : la mise à jour de l’Observatoire des prix nous livre trois constats.
- Les prix des marques A (grandes marques) restent plus élevés en Belgique que dans nos trois pays voisins :
- Pour les produits alimentaires transformés en 2022, les consommateurs belges payaient en moyenne respectivement 10,7 % de plus qu’en Allemagne, 9,1 % de plus qu’en France et 8,4 % de plus qu’aux Pays-Bas.
- Par contre, les marques de distributeur sont en moyenne moins chères en Belgique que dans les pays voisins, en 2022. La différence est même énorme :
- Un panier d’achats composé uniquement de marques de distributeur coûte environ 15 % de moins en Belgique qu’en France, environ 25 % de moins qu’en Allemagne et environ 40 % de moins qu’aux Pays-Bas.
- Les prix des produits alimentaires non-transformés sont aussi moins chers en Belgique : les fruits, les légumes, la viande et le poisson sont en moyenne plus accessibles qu’en France et en Allemagne, mais pas qu’aux Pays-Bas.
Zoom avant : qu’est-ce qui explique ces différences ?
- L’Observatoire met d’abord en garde : il existe d’énormes différences à l’intérieur même de la Belgique. Entre les régions et entre les détaillants. Au sein même d’une enseigne, la fixation des prix varie également en fonction de l’emplacement du magasin et de sa taille.
- Certains facteurs sont favorables à la Belgique comme une plus grande concurrence, grâce à l’arrivée de groupes étrangers et le succès toujours plus grands des hard discounters (Aldi, Lidl, etc.)
- Par contre, la Belgique « a un coût salarial plus élevé par employé, la flexibilité du marché du travail y est plus limitée et les accises et taxes plus prononcées sur les boissons, entre autres », écrit l’Observatoire des prix. La Belgique est aussi une plus petite économie, ce qui ne permet pas de faire autant d’économies d’échelle que chez nos voisins.
Les réactions : Pierre-Yves Dermagne (PS) reste pour le moment silencieux, au contraire du MR.
- Le ministre des Indépendants et des PME, David Clarinval (MR) voit dans cette étude un signal clair pour « continuer à plaider pour baisser les charges sur le travail, flexibiliser le marché du travail et réduire les taxes sur les produits de consommation de tous les jours. La concurrence, exerçant un impact positif sur le niveau des prix, doit quant à elle, continuer à être stimulée. »
- Le ministre de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne, qui est à l’origine de l’étude, n’a pas encore réagi. Cette étude avait été commandée dans le but « d’objectiver les causes des différences de prix et ainsi dégager des solutions », expliquait le ministre par communiqué en juillet dernier. Pas sûr que ces causes plaisent aux socialistes.