Timing parfait ? La Suède emprisonne un Kurde quand Stoltenberg annonce convoquer une réunion avec Erdogan

Timing parfait ? La Suède emprisonne un Kurde quand Stoltenberg annonce convoquer une réunion avec Erdogan
Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson et le président turc Recep Tayyip Erdogan. Demetrius Freeman/The Washington Post via Getty Images, Murat Kula/Anadolu Agency via Getty Images)

Ce jeudi, un juge suédois a condamné à une peine d’emprisonnement un homme kurde pour tentative de financement du terrorisme. Difficile de ne pas y avoir un lien avec le sommet de l’OTAN prévu la semaine prochaine… et avec une réunion qui s’est tenue aujourd’hui même à Bruxelles.

Pourquoi est-ce important ?

Cela fait maintenant un an que la Turquie bloque l'entrée de la Suède dans l'OTAN. Elle lui reproche essentiellement une politique beaucoup trop laxiste à l'égard des Kurdes qui y habitent et qui sont soupçonnés d'avoir des liens avec le PKK. Depuis quelques mois, Stockholm semble mettre tout en œuvre pour obtenir les grâces d'Ankara.

Dans l’actu : un Kurde emprisonné en Suède.

  • Ce jeudi, un quadragénaire kurde a été condamné à une peine d’emprisonnement en Suède pour tentative de financement du terrorisme.
  • Une condamnation dont le timing pose question, bien que le juge concerné assure qu’il n’y a aucun lien avec la demande d’adhésion de la Suède à l’OTAN.

Le détail : la prison puis l’expulsion.

  • L’homme, d’origine turque, a été reconnu coupable d’avoir menacé à Stockholm un homme d’affaires kurde avec une arme pour le forcer à financer le PKK.
  • Il restera quatre ans et demi dans une prison suédoise, après quoi il sera expulsé de Suède.
  • C’est la première fois que les lois suédoises contre le terrorisme renforcées sont appliquées, un mois après leur entrée en vigueur.

Les choses vont-elles s’accélérer ?

Les explications : timing parfait.

  • Cette condamnation intervient le jour où de hauts responsables suédois et turcs se sont rencontrés au siège de l’OTAN, à Bruxelles. La rencontre était présidée par le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg. Des responsables finlandais – qui ont obtenu l’accord turc plus tôt après des problèmes similaires – étaient également présents.
    • La réunion avait pour but de discuter des derniers obstacles posés par Ankara à l’entrée de la Suède dans l’OTAN.
    • « Il est temps pour la Suède de rejoindre l’Alliance », a-t-il déclaré à l’issue de la discussion, ajoutant convoquer une réunion entre le Premier ministre suédois et le président turc lundi.
  • Plus important encore, le sommet annuel de l’OTAN se tiendra la semaine prochaine à Vilnius, en Lituanie. Un événement qui, la Suède l’espère, pourrait marquer la fin des réticences turques, lesquelles feraient à leur tour passer le feu hongrois au vert.
  • Interrogé sur le sujet, le juge suédois qui a condamné l’homme kurde a assuré qu’il s’agissait d’une « pure coïncidence ».

Le contexte : Erdogan plie mais ne rompt pas.

  • Depuis un an, la Turquie refuse de ratifier l’adhésion de la Suède à l’OTAN. La principale raison invoquée par Recep Tayyip Erdogan est que la Suède héberge des kurdes liés au PKK et qu’elle ne fait rien contre eux.
    • Depuis, la Suède s’est efforcée de durcir le ton : cela s’est concrétisé avec le renforcement des lois antiterroristes, interdisant désormais notamment l’organisation de réunions visant à fournir une quelconque aide (financière ou autre) aux groupes interdits.
  • Une autre épine dans le pied du pays scandinave sont les quelques manifestations qui se sont déroulées ces derniers mois à Stockholm lors desquelles des exemplaires du coran ont été brûlés.
    • Un tel incident s’est d’ailleurs à nouveau produit la semaine dernière.
    • Stockholm a dénoncé un « acte islamophobe », mais cela n’a pas suffi à éviter une nouvelle pique d’Erdogan. « Nous enseignerons les Occidentaux arrogants qu’insulter les Musulmans ne relève pas de la liberté d’expression », a notamment déclaré le président turc.
  • Cette semaine encore, s’il a reconnu que la Suède avait fait un pas dans la bonne direction, Erdogan lui a reproché de ne toujours pas en avoir fait suffisamment. Il s’est par exemple plaint du fait que les partisans du PKK continuaient d’organiser des manifestations « faisant l’éloge du terrorisme ».
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