Après un vol inaugural effectué en avril 2019, Stratolaunch, l’avion le plus grand du monde, a à nouveau pris l’air ce jeudi. Un deuxième essai couronné de succès qui laisse entrevoir d’excellentes perspectives pour ses concepteurs. Mais à quoi va-t-il servir ?
Double fuselage, six moteurs Pratt & Whitney PW4000, longueur de 73 mètres, hauteur de 15 mètres et masse maximale au décollage de 590 tonnes. Le surnom ‘Roc’ attribué au Stratolaunch peut même paraître trop sobre pour lui. Mais ce qui fait sa renommée, c’est surtout son envergue. Avec 117 mètres, aucun avion au monde ne fait mieux.
Après un premier vol d’essai réussi il y a deux ans, le Stratolaunch a repris du service. Ce jeudi, il a survolé la désert des Mojaves, en Californie. Avec une altitude de 14.000 pieds, il a volé moins haut qu’il y a deux ans, lorsqu’il avait atteint les 17.000 pieds. En revanche, il a volé bien plus longtemps: 3 heures et 14 minutes contre 44 minutes lors du vol inaugural.
L’équipe derrière le Roc s’est évidemment réjouie de ce deuxième essai. D’après elle, cela confirme les performances et les capacités de l’appareil et, surtout, cela valide également les améliorations apportées à l’avion depuis son précédent vol.
Plusieurs vidéos de ce vol ont été publiées sur le compte Twitter de Stratolaunch.
Propulser un engin hypersonique
Le projet Stratolaunch a été lancé en 2011 par Paul Allen, cofondateur de Microsoft. A l’époque, l’objectif était de l’utiliser comme avion-porteur pour un lanceur aéroporté destiné à placer des satellites en orbite.
Paul Allen est décédé en octobre 2018, sans avoir pu assister au vol inaugural de Stratolaunch. Le projet a failli être jeté aux oubliettes, mais il a finalement été repris en main par de nouveaux investisseurs. Face à la rude concurrence qui règne dans le secteur spatial, ils ont décidé de modifier les objectifs du Roc. Désormais, l’avion doit servir de plateforme de lancement mobile pour les véhicules hypersoniques, des engins manœuvrables qui se déplacent au moins cinq fois plus vite que la vitesse du son.
‘Nous sommes très satisfaits de la performance de l’avion Stratolaunch aujourd’hui et nous sommes tout aussi enthousiastes à l’idée que l’avion se rapproche du lancement de son premier véhicule hypersonique’, a déclaré Zachary Krevor, directeur de l’exploitation de Stratolaunch, lors de la conférence de presse qui a suivi le deuxième vol.
La société planche sur son propre engin hypersonique, nommé ‘Talon-1’. Sa première version, ‘à usage unique’, devrait voler pour la première fois l’année prochaine. Les ingénieurs travaillent également sur une version réutilisable, qu’ils prévoient de commencer à tester en 2023.
L’armée américaine intéressée
D’après le média spécialisé Space.com, les données de Stratolaunch pourrait intéresser l’armée américaine. Celle-ci développe depuis des années ses propres véhicules hypersoniques, bien qu’aucun ne soit encore opérationnel. Les véhicules hypersoniques constituent de bons systèmes de livraisons d’armes, car leur manœuvrabilité les rend plus difficiles à contrer que les missiles balistiques traditionnels.
‘L’un des domaines sur lesquels nous nous penchons est: comment pouvons-nous aider le ministère de la Défense à atténuer les risques pour une grande partie de ses coûteux essais en vol ? Notre banc d’essai a la capacité de transporter des charges utiles. Il permet de tester des matériaux. Il a la capacité de faire voler une variété de profils qui sont d’intérêt à travers le spectre à la fois offensif et défensif de l’hypersonique’, a confirmé Daniel Millman, directeur de la technologie de Stratolaunch.
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