Le soutien à l’Ukraine divise le parti républicain américain. Le sénateur Lindsey Graham plaide pour la poursuite de ce soutien dans l’émission « Face the Nation » sur CBS.
Le soutien militaire à l’Ukraine provoque des dissensions au sein du parti républicain américain : « L’arrêter serait comme condamner Taïwan à mort »

Pourquoi est-ce important ?
Bien que le conflit en Ukraine n'engage pas une confrontation directe entre la Russie et l'OTAN, ses répercussions pour l'Occident sont immenses. L'enjeu principal réside dans la délimitation des zones d'influence, y compris par la démonstration de force. Si l'Ukraine succombe, que ce soit à cause d'une réponse occidentale molle ou d'un retrait hâtif du soutien international, ce ne serait qu'une question de temps avant que la Russie ne cible d'autres territoires. Et la Chine suit la situation de près.Pire qu’en Afghanistan
Dans l’actu : Un plaidoyer de Graham pour convaincre ses camarades de parti que soutenir l’Ukraine est la seule option valable.
- Les républicains sont divisés : une grande majorité des membres du Congrès continue de soutenir l’Ukraine, mais un nombre croissant s’y oppose. À l’approche des élections, ce sera un point crucial. Donald Trump, qui est en tête des sondages, a déjà exprimé sa volonté de cesser les livraisons d’armes. Il souhaite contraindre l’Ukraine à négocier, même si cela lui coûte 25 % de son territoire. Il n’est donc pas surprenant que Poutine ait par la suite qualifié Trump de « grand homme d’État ».
- « À l’attention du président Trump et d’autres : si nous cessons de soutenir l’Ukraine, la situation sera dix fois pire qu’en Afghanistan », déclare le républicain dans « Face the Nation ». Dans cette émission hebdomadaire de CBS, de nombreux invités politiques sont régulièrement interrogés. C’est l’un des programmes télévisés les plus populaires et les plus anciens aux États-Unis.
- « Arrêter de soutenir l’Ukraine équivaut à condamner Taïwan à mort. Si l’Ukraine peut vaincre la Russie, il est moins probable que la Chine envahisse Taïwan », dit Graham, établissant un lien entre les deux situations. Une invasion de Taïwan serait encore plus complexe, car il s’agit d’une île fortement fortifiée. Si Poutine échoue à conquérir l’Ukraine, Pékin pourrait conclure qu’une invasion de Taïwan n’est pas réalisable non plus.
- « À tous les républicains qui disent que l’Ukraine ne nous concerne pas : vous avez tort. La guerre ne fera que grandir, pas diminuer. Si vous ne comprenez pas comment ce scénario va se terminer, c’est que vous avez complètement raté la Seconde Guerre mondiale. »
Tout est relatif
La situation : Certes, la guerre en Ukraine représente un coût considérable. Néanmoins, mis en perspective, cela demeure acceptable. Et si la guerre se termine bien pour la Russie, l’avenir pourrait s’avérer encore plus coûteux.
- En l’espace d’un an et demi, les États-Unis ont déjà soutenu l’Ukraine à hauteur de 76 milliards de dollars. La majeure partie de cette somme, soit 46 milliards, est consacrée à des moyens militaires tels que des armes, des véhicules, des munitions et de l’équipement. En chiffres absolus, 76 milliards de dollars représentent bien sûr une somme énorme. Cependant, si l’on regarde en termes de pourcentage, cela reste relativement modeste.
- En effet, 76 milliards de dollars ne représentent que 0,3 % du produit intérieur brut total des États-Unis en 2022. En termes de pourcentage du budget de la défense, le soutien à l’Ukraine compte pour 3,5 %. Si cette même somme était utilisée pour faire fonctionner le gouvernement américain, elle serait épuisée en seulement 27 minutes.
- Important : grâce à l’aide des États-Unis et d’autres partenaires occidentaux, l’Ukraine réussit à contenir en grande partie l’un des principaux « États hostiles » envers les États-Unis. La Russie a déjà perdu environ 50 % de son arsenal militaire total. Près de 3.000 officiers supérieurs ont été tués, ainsi que la majorité de ses forces les plus expérimentées. Il faudra des années, voire des décennies, pour que l’armée russe retrouve son niveau d’antan. Et tout cela pour seulement 0,3 % du PIB américain.
- Par ailleurs, il est également pertinent de relier ce conflit à la Chine, comme le fait Graham. La Chine observe également la guerre en Ukraine et, comme tous les autres pays d’ailleurs, en tire de sérieuses leçons. En aidant l’Ukraine à remporter la victoire, l’Occident envoie un message fort à Pékin : « Tente la même chose à Taïwan et tu obtiendras le même résultat : n’y touche pas ».
(SR)