Sous pression face à la guerre en Ukraine, l’Autriche maintient sa position: « Nous étions, nous sommes et nous resterons neutres »

Face à la guerre en Ukraine, le chancelier autrichien a assuré que son pays conserverait sa neutralité. En tout cas sur le plan militaire. Il est pourtant mis sous pression, de tous les côtés.

« L’Autriche était neutre, l’Autriche est neutre, l’Autriche restera également neutre. » C’est par ces mots que Karl Nehammer a fait savoir lundi que son pays resterait fidèle à la neutralité qui est la sienne depuis plusieurs décennies.

« La neutralité de l’Autriche l’a bien servie dans le passé et continue de le faire. Elle ne fait pas l’objet d’un débat », a ajouté le chancelier autrichien.

Car débat, il aurait pu y avoir. C’est en tout cas ce que souhaitait Othmar Karas, un eurodéputé autrichien membre du même parti que le chancelier (ÖVP). Un avis partagé par l’ancien président du Conseil national autrichien, Andreas Khol. Dans une tribune parue dans le Kleine Zeitung, il avait souligné qu’un « pays neutre ou non aligné reste seul quand il est attaqué ». « Personne ne se précipite pour aider. L’Autriche doit décider si elle rejoint l’OTAN ou si elle rejoint l’armée de l’UE », avait ajouté celui qui faisait autrefois lui aussi partie du parti de l’ÖVP.

Un article d’opinion qui avait fait réagir la cheffe de parti des sociaux-démocrates (dans l’opposition), Pamela Rendi-Wagner. Elle ne demandait non pas un débat sur la neutralité de l’Autriche, mais bien un « engagement clair et sans équivoque en faveur » de celle-ci de la part du chancelier. Ce qu’elle a donc obtenu lundi.

Quel type de neutralité ?

Si Khol plaidait pour un débat sur la fin de la neutralité autrichienne et Rendi-Wagner l’inverse, c’est parce que la position de l’Autriche depuis le début de la guerre en Ukraine a suscité quelques interrogations.

En effet, malgré son statut, l’Autriche soutient et continuera de soutenir les efforts humanitaires sur place. Et ça, personne ne le lui reprochera. Mais elle a aussi décidé de condamner les actions russes au sein des organisations internationales, de participer aux sanctions contre la Russie. Ainsi qu’à fournir à l’Ukraine une aide non létale, à savoir principalement des casques et des équipements de protection pour les civils, et du carburant.

Des mesures qui s’inscrivent dans la tradition de neutralité du pays, qui vaut pour le plan militaire. Celle-ci stipule que l’Autriche ne peut adhérer à une alliance militaire, autoriser l’établissement de bases militaires étrangères sur son territoire ou participer à une guerre. Sur le plan politique, en revanche, l’Autriche n’est pas neutre dans ce conflit, ont déjà fait savoir le chancelier Nehammer et le ministre des Affaires étrangères Alexander Schallenberg.

La Russie en colère

Une position qui ne plaît pas du tout à la Russie. L’ambassade de Russie à Vienne a ainsi condamné les déclarations du chance la position des leaders autrichiens, qualifiant leurs « déclarations et évaluations » au sujet de la guerre en Ukraine « d’infondées » et de « scandaleuses ». Elle estime que leur attitude « met en doute » la « qualité de la neutralité » de l’Autriche. « Nous en tiendrons compte à l’avenir », conclut l’ambassade dans un long message publié sur Facebook.

L’Autriche fait d’ailleurs partie de la liste des pays publiée lundi considérés comme « hostiles » par Moscou.

Le ministère autrichien des Affaires étrangères a répondu ce que l’on vient de vous expliquer: l’Autriche reste militairement neutre mais pas politiquement lorsqu’il s’agit de violations du droit international. Une position appuyée une nouvelle fois par le chancelier Nehammer lundi, concluant que « la discussion est terminée ».

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