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Sabotage de Nord Stream 1 & 2 : les câbles de communication sous-marins sont-ils aussi menacés ?

Sabotage de Nord Stream 1 & 2 : les câbles de communication sous-marins sont-ils aussi menacés ?
Getty Images

De toute évidence, les fuites de gaz découvertes sur les pipelines Nord Stream 1 et 2 ne sont pas le fruit du hasard, mais résultent d’une action délibérée. Et parmi les suspects potentiels, beaucoup de regards sont tournés vers Moscou. Un sabotage russe qui pourrait n’être que le début de représailles plus importantes encore contre l’Occident, à commencer par les câbles sous-marins.

Les autorités danoises et suédoises s’accordent à dire que les fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2 ne sont pas le résultat d’un dysfonctionnement malencontreux des gazoducs, mais bien les conséquences d’explosions savamment orchestrées. Et le principal suspect n’est autre que la Russie, d’autant que plusieurs navires russes ont été aperçus à proximité des fuites, peu avant les explosions.

Reste que pour le moment, les preuves manquent. Seule une enquête approfondie nous permettra d’en apprendre plus sur ces faits, mais la chose n’est pas simple puisque les enquêteurs ne peuvent s’approcher des lieux du crime – supposé.

Cela n’empêche pas certains politiques d’imaginer que ces attaques puissent être un coup de semonce de la part du Kremlin. Pire encore, qu’il puisse s’agir de la première étape d’un plan plus important pour déstabiliser des infrastructures occidentales essentielles.

L’Europe, bientôt coupée du monde ?

La Russie a en effet déjà démontré ses capacités à pouvoir s’infiltrer dans diverses infrastructures occidentales, notamment dans le réseau électrique de l’Ukraine. Elle tente régulièrement d’en faire de même avec le réseau électrique américain. Mais Moscou pourrait s’attaquer à quelque chose de plus gros encore : les câbles de communication sous-marins qui relient l’Europe aux États-Unis.

Cette crainte ne date pas d’hier. Bien avant le début de l’invasion de l’Ukraine, l’éventualité d’une attaque ciblée de la part de la Russie contre ces câbles existait déjà. Et encore plus aujourd’hui : dans le contexte actuel de tensions avec l’Occident, ils constituent certainement une cible de choix pour le Kremlin.

Ces autoroutes de fibre optique reposant au fond des mers représentent en effet des artères vitales pour la communication entre l’Europe et les États-Unis, vecteurs essentiels du monde informationnel moderne. On en compte plus de 420 dans le monde, totalisant 1,3 million de kilomètres, soit 3 fois la distance de la Terre à la Lune.

Les mésaventures gazières en mer Baltique n’ont fait qu’intensifier les craintes d’une attaque ciblée contre eux. D’autant plus qu’il y a un an à peine, un navire russe du nom de Yantar naviguait étrangement près d’un nœud de câbles, situé dans les eaux irlandaises.

Quelles seraient les conséquences ?

Si la Russie – ou tout autre État – venait à s’attaquer aux câbles sous-marins, les communications entre l’Europe et les États-Unis s’en retrouveraient fortement perturbées. Plus encore, le vieux continent pourrait se retrouver totalement coupé d’Internet puisque l’Europe dépend énormément des géants américains pour se connecter à la toile.

D’une certaine façon coupés du monde, les Européens se retrouveraient sans réseaux sociaux – vecteurs informationnels pour beaucoup de monde –, mais surtout sans moyens de communiquer avec leurs proches via des applications mobiles – le réseau mobile serait toujours opérationnel.

Mais ce n’est pas tout, cela pourrait mettre en péril l’économie mondiale puisque ce sont plus de 10.000 milliards de dollars de transactions financières qui passent chaque jour par ces câbles. Si ceux reliant l’Europe aux États-Unis venaient à être endommagés, cela aurait forcément des répercussions directes et indirectes sur les marchés.

Toute attaque d’envergure – une centaine de ruptures de câbles sous-marins sont recensées chaque année, la plupart accidentelles, causées par des bateaux de pêche, sans que le monde s’effondre – contre ces autoroutes de fibres optiques aurait forcément des conséquences politiques – nul doute que la guerre en Ukraine prendrait une autre dimension –, économiques et sociales.

Le risque que la Russie en vienne à couper les câbles de communication sous-marins entre l’Europe et les États-Unis est bien réel, mais cela serait un mouvement suicidaire de la part de Moscou. Outre une panique internationale, cela ne ferait que consolider les liens entre les pays occidentaux et provoquer une réponse militaire d’envergure puisque cela serait tout simplement considéré comme un « acte de guerre« .

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