Principaux renseignements
- La Russie restreint temporairement ses exportations d’uranium enrichi vers les États-Unis.
- Cette restriction vise une vulnérabilité importante du cycle du combustible nucléaire américain, la Russie contrôlant près de la moitié de la capacité mondiale d’enrichissement de l’uranium.
- Une interdiction prolongée pourrait perturber le fonctionnement des réacteurs à partir de 2025, laissant certaines installations sans fournisseur alternatif.
La semaine dernière, on a appris que la Russie restreignait temporairement ses exportations d’uranium enrichi vers les États-Unis. Cette mesure a suscité des inquiétudes quant à l’approvisionnement des réacteurs américains, qui produisent près de 20 pour cent de l’électricité du pays. L’annonce a été faite vendredi par le biais d’une déclaration sur Telegram, sans que la Russie ne fournisse de détails spécifiques ou de calendrier.
Malgré le manque de clarté, Bloomberg note que les entreprises de services publics procèdent généralement à des achats anticipés, ce qui permet d’atténuer les effets immédiats. Cette action s’inscrit dans le cadre de l’utilisation continue de l’énergie par la Russie en tant qu’outil géopolitique, alors que la guerre en Ukraine est condamnée par la communauté internationale.
Le cycle du combustible nucléaire américain
La restriction vise une vulnérabilité importante dans le cycle du combustible nucléaire américain, car la Russie contrôle près de la moitié de la capacité mondiale d’enrichissement de l’uranium et a fourni plus d’un quart du combustible enrichi aux États-Unis l’année dernière. Chris Gadomski, analyste nucléaire en chef de BloombergNEF, a souligné l’insuffisance des stocks d’uranium enrichi aux États-Unis, déclarant que les préparatifs en vue d’une telle éventualité étaient insuffisants.
Conséquences pour l’exploitation des réacteurs
Alors que les livraisons de 2023 sont pour la plupart finalisées, une interdiction prolongée pourrait perturber le fonctionnement des réacteurs à partir de 2025, laissant certaines installations sans fournisseur alternatif. Jonathan Hinze, président d’UxC, une société spécialisée dans l’analyse du marché des combustibles d’uranium, a souligné que les compagnies d’électricité qui dépendent des livraisons russes risquent d’être confrontées à des pénuries d’approvisionnement. Veronica Baker, porte-parole de Cameco, a souligné la nécessité de réponses occidentales coordonnées pour rompre la dépendance à l’égard de la Russie et d’autres entreprises publiques.
Réponse du gouvernement américain
L’administration Biden a lancé un programme de plusieurs milliards de dollars pour revitaliser les capacités nationales d’enrichissement de l’uranium. Toutefois, les progrès restent limités puisqu’une seule installation commerciale américaine, détenue par Urenco Ltd, fournit actuellement environ un tiers de l’uranium enrichi nécessaire aux réacteurs américains. Urenco prévoit d’augmenter sa capacité de 15 pour cent d’ici à 2027, car il est urgent de réduire la dépendance à l’égard de sources étrangères instables.
Exploitants nucléaires américains et fournisseurs alternatifs
Les principaux exploitants nucléaires américains, tels que Constellation Energy et Centrus Energy, bénéficient de dérogations leur permettant d’importer du combustible russe. Centrus, le principal négociant américain d’uranium russe, explore activement d’autres fournisseurs en prévision d’éventuels problèmes de livraison de la part de Tenex, son principal fournisseur russe. La Russie affirme que ces restrictions sont une réponse directe à l’interdiction de l’uranium enrichi russe décrétée par le président Biden en mai dernier, bien que les livraisons restent autorisées jusqu’en 2028 en vertu des dérogations existantes.
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