La Russie contourne les sanctions de l’UE de manière créative


Principaux enseignements

  • Le taux de croissance économique de la Russie dépasse les 4 pour cent malgré les sanctions occidentales.
  • Le Kremlin prétend que les sanctions sont inefficaces, alors que l’UE a mis en œuvre quatorze séries de sanctions contre la Russie.
  • Le budget de la défense russe devrait augmenter de 30 pour cent l’année prochaine.

Malgré les récents revers économiques, la Russie continue d’enregistrer des taux de croissance supérieurs à 4 pour cent. Ce chiffre est présenté par le Kremlin comme une preuve de l’inefficacité des sanctions occidentales. L’Union européenne a mis en œuvre quatorze séries de sanctions contre la Russie depuis son invasion de l’Ukraine en 2022, dans le but d’affaiblir les capacités militaires du pays. Toutefois, ces mesures se heurtent à la capacité de la Russie à les contourner par des moyens « ingénieux ».

Le budget de la défense russe devrait augmenter de 30 pour cent l’année prochaine, ce qui démontre une fois de plus l’engagement de la Russie en matière de dépenses militaires. L’efficacité des sanctions est compliquée par des facteurs tels que l’implication de la Chine, de l’Inde et d’autres nations en dehors du bloc occidental.

Stratégies d’évitement des sanctions

Les pays occidentaux ont interdit les exportations vers la Russie de technologies susceptibles d’être utilisées dans la production d’armes, notamment les microprocesseurs. Toutefois, ces restrictions ont été rapidement surmontées par la Russie avec l’aide de pays tiers comme la Chine, la Turquie, les Émirats arabes unis et plusieurs pays d’Asie centrale.

David O’Sullivan, l’envoyé spécial de l’UE pour les sanctions, a reconnu « l’ingéniosité considérable » employée par la Russie pour acquérir les ressources nécessaires. Les exportations européennes vers la Turquie ont bondi de 38 pour cent entre le troisième trimestre 2021 et le troisième trimestre 2023, selon une étude récente de l’Institut Jacques Delors sur l’efficacité des sanctions de l’UE.

Réponse de l’UE et critiques

En outre, les exportations turques vers la Russie ont grimpé en flèche de 72 pour cent au cours de la même période. L’UE s’est abstenue d’imposer des sanctions à ces pays, optant plutôt pour des solutions diplomatiques. M. O’Sullivan a déclaré qu’il préférait que « les pays avec lesquels nous entretenons des relations trouvent leur propre solution ». Cette position a suscité des critiques de la part de l’Ukraine, qui a mis en évidence des exemples de technologies européennes présentes dans les armes russes sur le champ de bataille.

En réponse, les Européens ont introduit des restrictions à l’encontre des entreprises fabriquant des produits sensibles ou susceptibles d’être utiles à l’industrie militaire russe. Une clause interdisant la réexportation du « savoir-faire » d’une entreprise vers la Russie a été mise en œuvre. Cependant, l’application de ces mesures s’avère difficile.

Défis et orientations futures

M. O’Sullivan a reconnu qu' »à un moment donné, on perd le contrôle du produit que l’on vend ». Cette nature inhérente aux opérations commerciales doit être acceptée. L’UE souhaite étendre l’interdiction de réexportation aux filiales, mais se heurte à la résistance des entreprises. BusinessEurope, un lobby d’entreprises basé à Bruxelles, a souligné que les entreprises européennes sont déterminées à appliquer les sanctions et à empêcher qu’elles soient contournées, mais qu’elles ont besoin d’une « orientation claire et appropriée ».

Guntram Wolff, co-auteur d’un rapport de l’Institut Bruegel sur l’amélioration de l’efficacité des sanctions contre la Russie, suggère d’incorporer des sanctions financières plus strictes pour les entreprises qui ne respectent pas les règles. Il propose de s’inspirer des réglementations strictes mises en œuvre dans le secteur de la finance internationale pour lutter contre le blanchiment d’argent et le terrorisme.

Tout en reconnaissant que les sanctions ne sont pas efficaces à 100 pour cent, M. O’Sullivan maintient qu’elles augmentent considérablement la difficulté, la durée et le coût de l’acquisition par la Russie de ressources essentielles pour son industrie militaire.

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