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Conner Rousseau et l’effet Streisand

Conner Rousseau et l’effet Streisand
Conner Rousseau / Barbara « Barbra » Streisand – Getty Images

Le président du Vooruit, Conner Rousseau, et le géant des médias DPG Media mènent une guerre ouverte.

  • D’autres hauts responsables politiques soignent habituellement leurs relations avec le grand acteur médiatique DPG Media. Mais le président du Vooruit a pris une voie complètement différente. Après que VTM a mené pendant des mois une « enquête journalistique » sur sa vie privée, Het Laatste Nieuws et la chaîne privée voulaient publier des parties du rapport officiel établi par la police de Saint-Nicolas en raison d’éventuels propos racistes de Conneau Rousseau.
    • Rousseau en a peut-être tenu lorsqu’il a parlé avec des policiers lors d’une intervention nocturne au café ‘t Hemelrijk, dans sa ville natale. Lui-même a avoué ne pas se souvenir des faits, car il était ivre.
  • Le président de Vooruit a été contacté par VTM pour répondre à ce qui figurait dans le PV. Mais il a transmis le dossier à son avocate, Christine Mussche. La manière dont le PV a été dressé – 11 jours après les faits et après que Rousseau a reçu un message rassurant de la police selon lequel il n’y aurait pas de PV du tout car rien de grave ne s’était produit – interpelle le président socialiste.

La procédure sommaire utilisée par Conner Rousseau dérange

  • Mussche et Rousseau ont pris une mesure radicale : ils ont saisi le tribunal en référé pour faire cesser toute publication par une requête unilatérale. Le juge a suivi leur raisonnement : il a imposé à VTM et à Het Laatste Nieuws des astreintes de 1.000 euros par heure pour la publication de parties du rapport officiel ou d’autres éléments de l’enquête.
  • Cette méthode juridique n’est pas sans controverse : après tout, on ne peut même pas s’expliquer devant un juge en référé. Il est d’ailleurs tout à fait exceptionnel d’interdire la publication avant un article. Ce n’est pas du tout une pratique courante dans les médias belges. Chez Vooruit, on met en avant l’importance de conserver le secret de l’enquête. « Les médias ne sont pas non plus au-dessus des lois », déclare farouchement le porte-parole.
  • Les critiques de DPG Media sont cinglantes, tout comme celles du syndicat des journalistes VVJ. Tous deux parlent d’une atteinte à la liberté de la presse. Le groupe de presse contestera également légalement cette interdiction.
  • C’est également un conflit qui peut avoir des conséquences politiques. Les relations entre Vooruit et le plus grand groupe de médias privé du pays semblent s’être dégradées. Le contraste avec le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) ne pourrait être plus marqué. Celui-ci a toujours réussi à entretenir de bonnes relations avec DPG Media et Het Laatste Nieuws. Même ses visites scolaires auprès d’adolescents enthousiastes font désormais la une des journaux.
  • La question pour Rousseau reste de savoir s’il s’agit encore d’un cas d’effet Streisand : en essayant de garder une information à l’écart du grand public par des procédures judiciaires, vous attirez davantage l’attention sur votre histoire. 
    • C’est ce que l’actrice et chanteuse Barbara Streisand a provoqué un jour. En 2003, en exigeant via un juge qu’une photo aérienne de sa villa soit supprimée d’un site Internet. L’affaire a fait la une de l’actualité. Conséquence : de nombreux liens vers la photo de la villa ont été mis en ligne.

(OD)

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