Si 2023 n’a pas été la meilleure cuvée pour les fabricants européens d’éoliennes, elle a été particulièrement difficile à vivre pour Siemens Gamesa. Si ses soucis financiers sont loin d’être réglés, ça ne l’empêche pas de continuer d’afficher de grandes ambitions. Avec, au menu, ni plus ni moins que l’éolienne « la plus puissante du monde ».

Dans l’actualité :

• Selon Recharge, Siemens Gamesa se prépare à installer ce qu’elle qualifie elle-même d’éolienne « la plus puissante du monde ». Avec une phase de test suivie – si tout se passe bien – d’une mise en service dès la fin de l’année.

Les détails : un joli soutien de l’UE.

• Selon un document interne à l’Union européenne consulté par Recharge, Siemens Gamesa se prépare à installer, tester puis mettre en service une éolienne d’une puissance jamais vue.
• La filiale espagnole du géant allemand compte l’implanter dans le centre d’essai d’Østerild, au Danemark. Le site, déjà maintes fois utilisé par Siemens Gamesa mais aussi Vestas, permet d’alimenter plusieurs milliers de foyers.
• Le développement du prototype est soutenu par 30 millions d’euros issus du Fonds pour l’innovation de l’UE.

La question : quelle puissance ?

• L’inconnue réside dans la puissance dont sera dotée l’éolienne. Car si elle est annoncée dans le document comme « la plus puissante du monde », aucune donnée chiffrée n’est divulguée.
• Actuellement, avec 16 MW, les éoliennes les plus puissantes sont chinoises. Il s’agit des modèles MySE16.0-260 (Mingyang Wind Power) et GHW252-16MW (Goldwind). En Europe, le record est à 15 MW et il appartient au modèle V236 de Vestas.
• On imagine que le prototype bientôt testé par Siemens Gamesa sera donc encore plus puissant. Pour l’instant, son modèle le plus puissant est à 14 MW.

Les déboires des éoliennes de Siemens Energy

Le contexte : Siemens Gamesa vit des jours difficiles.

• Ces derniers temps, quand on a parlé de Siemens Gamesa dans la presse, c’était pour de mauvaises raisons.
• En juin 2023, la direction a reconnu que ses produits étaient touchés par des soucis de fabrication « bien plus graves que prévu ». Dans la foulée, l’action de la maison-mère Siemens Energy s’est écroulée à la bourse, fondant de près de 50% en quelques heures.
  • Ces problèmes de qualité ont freiné ses livraisons et ses prises de commandes. Plutôt embêtant, le contexte ambiant étant déjà très peu favorables aux fabricants européens d’éoliennes.
• L’entreprise allemande a à nouveau fait paniquer les investisseurs en octobre, quand on a appris qu’elle recherchait des garanties auprès de l’État allemand, à hauteur de 15 milliards d’euros.
  • Le patron, Joe Kaeser, a tenté d’apaiser les tensions dans la foulée. Siemens Energy cherchait simplement des garanties sur ses prêts, pour assurer une forte croissance à l’avenir. Pas de crise de liquidités en vue donc, selon lui.
  • Quelques semaines plus tard, l’Allemagne annonçait un grand plan : 7,5 milliards garantis par l’Etat, 7,5 autres de banques privées et d’actionnaires (dont Siemens).
• Toujours est-il que sur l’exercice 2022-2023, l’entreprise allemande a affiché des pertes nettes de 4,5 milliards d’euros.