Après huit semaines de fermeture, tous les commerces ont pu rouvrir ce lundi matin. Les représentants du secteur ne s’attendaient pas à voir immédiatement une foule devant les portes des magasins. Les Belges se sont pourtant rués devant certaines enseignes, formant des files d’attente impressionnantes.
‘Nous espérons pouvoir commencer à 50%, nous basons cette estimation sur l’étranger’, expliquait Comeos, représentant de la plupart des commerces en Belgique. Unizo, l’union des entrepreneurs indépendants, imaginait pour sa part de premiers jours assez calmes. ‘Nous espérons un départ équilibré, avec pas trop de monde. En tout cas, les clients ne doivent pas avoir peur, nous sommes très bien préparés pour sécuriser les achats’, avait fait savoir Luc Ardies, directeur de l’Unizo.
Une préparation dont les vendeurs auront bien besoin au vu des files qui se sont déjà créées devant certains magasins. Au IKEA d’Hognoul, près d’une centaine de personnes faisait la file pour entrer dans le magasin qui ouvrait ses portes à 10h. Même situation à Zaventem et à Liège.
Et un empressement identique a pu être constaté devant les Primark de Gand et d’Anvers. D’importantes files se sont aussi créées devant les magasins Action à Ixelles et à Liège.
Notons que bien qu’ils se soient empressés d’aller faire les magasins, les Belges semblent pour l’instant se montrer calmes et respectueux des consignes et distances de sécurité.
Lignes directrices
Le Conseil national de sécurité a donné la semaine passée son feu vert pour la réouverture des magasins (mode, électricité, fleur, meuble, etc.) dès le 11 mai. Les règles de sécurité seront les mêmes que celles appliquées dans les supermarchés, notamment en matière de distance sociale et d’hygiène.
Le SPF Economie a publié un guide reprenant toutes les règles pratiques. Les autorités locales ont aussi pris leurs propres mesures pour éviter que les rues commerçantes ne deviennent de véritables lieux de contamination.
Plus précisément:
- Les magasins ne peuvent accepter qu’un client par 10m², avec quelques exceptions pour les petits commerces.
- Les clients ne peuvent pas rester plus de 30 minutes dans un magasin.
- Une distance sociale d’un mètre et demi doit être respectée.
- Les achats doivent être faits à proximité du lieu de résidence ou du bureau.
- Porter un masque est ‘fortement recommandé’.
- Les clients doivent faire leurs courses seuls, à l’exception de ceux qui ont besoin d’aide ou qui gardent des enfants de moins de 18 ans.
- Les personnes de plus de 65 ans, les personnes à mobilité réduite et le personnel soignant sont prioritaires.
Ce matin, de nombreuses personnes portaient un masque pour faire les courses. ‘On s’en réjouit, mais il faut voir ce qu’il se passe maintenant à l’intérieur du magasin. Si le masque fait croire à celui qui le porte qu’il peut négliger les autres règles (distance sociale…), ça ne sert à rien’ explique Delphine Latawiec, permanente CNE Commerce. Pour la présidente du Setca, Myriam Delmée, ce n’était pas encore suffisant. ‘Beaucoup ne semblent pas comprendre l’intérêt du masque dans la protection des travailleurs’, souligne-t-elle.
Peur de la foule
Il existait néanmoins toujours une petite crainte que les rues commerçantes et les centres commerciaux ne soient envahis de clients. Une appréhension que ne semblaient pas partager pas Comeos ou Unizo. ‘Nous ne pouvons pas comparer la situation aux parcs à conteneurs qui ont connu de longues files. Il y avait trop peu d’alternatives’, expliquait Hans Cardyn, porte-parole de Comeos. Les représentants des commerces préféraient s’en référer à des exemples à l’étranger où les rues commerçantes n’ont pas été prises d’assaut à la sortie du confinement. La Belgique semble faire exception, à tout le moins devant certains magasins.
‘Nous appelons dans tous les cas à faire des achats raisonnables. Et s’il y a trop de monde, revenez plus tard’, avait demandé la Première ministre, Sophie Wilmès. La notion vague de ‘trop de monde’ semble avoir été comprise différemment selon les personnes.
Toutefois, outre certaines enseignes qui ont connu une grande affluence, la CNE trouve que dans l’ensemble, la situation est sous-contrôle, même sur la rue Neuve, la plus grande artère commerciale de la capitale. La police a veillé au grain pour aujourd’hui. Mais les syndicats s’inquiètent pour les prochains jours: ‘Pourra-t-on assurer un tel filtrage dans la durée?’. Surtout en sachant que le lundi n’est habituellement pas le jour le plus chargé de la semaine.
Peur des magasins
Les industries doivent prendre en compte la crainte d’une certaine partie de la population d’être infectée par le coronavirus dans les commerces. Selon le professeur Gino van Ossel, les clients sont inquiets de retourner dans des magasins physiques. ‘Aujourd’hui, certains clients n’aiment plus le shopping, craignent d’être contaminés et dépensent moins à cause de l’incertitude financière. C’est un problème pour les commerces’, avait-il déclaré lors d’une audition au Parlement flamand.
Unizo précise qu’il n’y a nul besoin d’avoir peur. ‘Faire les courses ne sera plus pareil après la crise du coronavirus. Il n’est pas question maintenant de faire du shopping juste pour le plaisir. Les achats seront principalement fonctionnels’, expliquait encore Luc Ardies. Mais selon lui, le client ne devrait pas avoir peur. ‘Nos commerçants sont bien préparés et vous attendent avec impatience.’
E-commerce
Toujours selon Luc Ardies, le confinement pourrait aussi permettre d’aider à créer des habitudes d’achats locaux et à petites échelles. Mais cela devrait également aider le commerce en ligne: ‘De nombreux commerçants ont été initiés au e-commerce ces dernières semaines, mais en même temps, ils se sont également rendus compte de l’importance des contacts sociaux.’
L’ouverture des commerces fait partie de la phase 1B du plan de déconfinement. Le retour au bureau est autorisé depuis lundi passé. Et depuis ce dimanche, les citoyens peuvent augmenter le nombre de contacts sociaux, en accueillant 4 visiteurs chez eux.