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« L’Europe va aller beaucoup moins vite que l’Inde, la Chine et les USA dans le développement de l’électricité bas-carbone »

« L’Europe va aller beaucoup moins vite que l’Inde, la Chine et les USA dans le développement de l’électricité bas-carbone »
L’installation petit réacteur modulaire (SMR) commercial au monde en Chine, un parc photovoltaïque en Inde et un parc éolien offshore en Chine. Luo Yunfei/China News Service/VCG via Getty Images, Dhiraj Singh/Bloomberg via Getty Images, Lyu Ming/China News Service/VCG via Getty Images)

Parmi les plus grandes économies du monde, ce sont principalement les pays européens qui vont voir leurs capacités de produire de l’électricité bas-carbone progresser le plus lentement d’ici la fin de la décennie, avertir un rapport du cabinet de conseil Oxford Economics.

Pourquoi est-ce important ?

S'ils sont pour l'instant en tête des nations au mix électrique le moins polluant, les pays européens pourraient bientôt se faire dépasser par les autres grandes puissances de ce monde. La faute à des investissements moins conséquents.

Dans l’actu : un rapport sur l’électricité bas-carbone peu flatteur pour l’Europe.

  • Commandé par l’organisation sectorielle Energy UK, le rapport montre que la croissance de l’électricité bas-carbone (issue du renouvelable et du nucléaire) va aller beaucoup plus vite en Inde, en Chine et aux États-Unis que dans les grands pays européens.

Les détails : les trois pays européens aux quatre dernières places.

  • Selon les estimations d’Oxford Economics, parmi les huit pays au plus gros PIB, le Royaume-Uni est celui qui va voir sa production d’électricité bas-carbone progresser le moins rapidement entre 2023 et 2030 : +2,9%.
  • Deux autres pays européens figurent dans la deuxième moitié du classement : la France (avant-dernière, +3,1%) et l’Italie (5e, +5,2%). Le Japon est intercalé à la 6e place (+3,2%).
  • Le pays européen le mieux classé est l’Allemagne. Mais elle échoue au pied du podium, avec une croissance estimée à 6% d’ici la fin de la décennie.
  • En tête, on retrouve l’Inde (+10,6%), suivie de la Chine (+7,2%) et des États-Unis (+6,4%).

Le Royaume-Uni n’est-il plus à la pointe ?

Les explications : les Européens sont pourtant en tête actuellement.

  • Lorsque l’on classe ces huit pays en fonction de la part d’électricité bas-carbone dans leur mix électrique actuel, le classement s’inverse. La France, portée par son important parc nucléaire, trône en tête (92%), devant le Royaume-Uni (66%), l’Allemagne (54%) et l’Italie (46%).
  • Les États-Unis sont 5e (43%), tandis que les trois pays asiatiques figurent aux trois dernières places : Chine (35%), Japon (35%) et Inde (27%). Il n’y a pas le feu au lac, donc.
  • Il n’empêche que les prévisions établies dans le rapport demeurent peu enthousiasmantes, particulièrement pour Royaume-Uni. D’autant plus lorsqu’on les met en parallèle des récentes déclarations de Downing Street, qui a par exemple annoncé le mois dernier qu’il comptait « maximiser » les réserves britanniques restantes de pétrole et de gaz de la mer du Nord – bien qu’il dise maintenir son objectif d’atteindre le « Zéro net » pour 2050.
    • On peut aussi citer la récente interruption par Vattenfall de Norfolk Boreas, un vaste projet de parc éolien offshore qui devait naître au large de la côte est de l’Angleterre.
    • Le groupe suédois a justifié sa décision par « une chaîne d’approvisionnement sous pression, des coûts d’investissement en hausse et des cadres fiscaux qui ne reflètent pas les réalités du marché actuelles ». 

Les réactions : l’organisation professionnelle s’inquiète, le gouvernement confiant.

  • Energy UK estime que, par rapport à ce qui se fait ailleurs dans le monde, le Royaume-Uni n’en fait pas suffisamment pour attirer les investissements privés dans le renouvelable.
  • « Bien que le Royaume-Uni ait pris un bon départ dans sa transition vers une économie nette zéro, il risque de se laisser distancer par d’autres pays dans les années à venir », avertit Energy UK. « Aidées par de généreux programmes d’incitation, d’autres économies ont augmenté leur capacité en matière de technologies propres à un rythme plus rapide que le Royaume-Uni.
    • L’organisation sectorielle cite par exemple l’Inflation Reducation Act (IRA) déployé il y a un an par les États-Unis, qui a notamment permis de libérer 369 milliards de dollars pour le climat sur la période 2023-2031
  • De son côté, le gouvernement britannique dit être sûr de ses forces.
    • « Nous ne nous excuserons pas d’avoir avancé plus rapidement et plus tôt sur les énergies propres que de nombreux autres pays », a réagi Downing Street dans un communiqué cité par le Financial Times. « Nous avons déjà attiré environ 120 milliards de livres sterling d’investissements dans les énergies renouvelables depuis 2010… avec un investissement supplémentaire de 100 milliards de livres sterling du secteur privé dans les secteurs à faible émission de carbone prévu d’ici 2030 ».
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