Malgré le succès retentissant du bon d’État à un an, le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) n’a pas réussi à atteindre son objectif d’augmenter les taux d’intérêt des comptes d’épargne des banques. Jusqu’à présent, seules deux d’entre elles ont répondu à son appel. Mais est-ce vraiment au gouvernement d’exiger des taux d’épargne plus élevés ?
Qui peut vraiment faire pression sur les banques pour qu’elles augmentent les taux d’intérêt des comptes d’épargne ?
Pourquoi est-ce important ?
Van Peteghem espérait que l'obligation d'État d'un an permettrait d'augmenter davantage les taux d'intérêt des comptes d'épargne. Mais cela n'a pas fonctionné. Plusieurs experts ont déjà noté que ces taux ne peuvent augmenter que si la Banque centrale européenne (BCE) poursuit sa politique monétaire restrictive.Contexte : L’État a réussi à lever pas moins de 21,896 milliards d’euros avec le « bon Van Peteghem ». C’est plus de dix fois l’objectif du ministre des Finances.
- Néanmoins, le bon d’État n’a pas atteint son objectif. Van Peteghem espérait que le bon d’État, assorti d’un taux d’intérêt net de 2,81 %, entraînerait une hausse des taux d’intérêt des comptes d’épargne. Mais il semble que cet espoir ait été vain.
- Jusqu’à présent, seuls deux petits acteurs ont revu leurs taux d’intérêt à la hausse.
- Santander Consumer Bank a ajusté les taux d’intérêt de ses comptes d’épargne Vision et Vision+ au début du mois. Ces comptes d’épargne rapporteront désormais respectivement 1,6 % et 2,35 %.
- Izola Bank a pour sa part augmenté le taux d’intérêt du compte d’épargne non réglementé Saver de 2 à 2,5 %. Avec un compte d’épargne non réglementé, vous devez encore payer un impôt à la source de 30 % sur les revenus, ce qui vous laisse un taux net de 1,57 %.
- Mais une question se pose à présent : qui peut faire pression sur les banques pour qu’elles augmentent les taux d’intérêt des comptes d’épargne ?
Le gouvernement
Comme vous avez pu le lire ci-dessus, le gouvernement a réussi à mobiliser l’épargne avec le bon d’État. Au total, quelque 7 % des 300 milliards d’euros qui se trouvaient sur les livrets d’épargne ont été retirés.
- Mais cela n’a pas suffi à inciter les banques à augmenter les taux. Van Peteghem n’exclut donc pas une nouvelle émission en décembre. Plusieurs experts ont toutefois déjà fait remarquer qu’une répétition de cet exercice pourrait avoir des conséquences désastreuses pour le secteur financier, et en particulier pour les petites banques.
- « Les grandes banques ont généralement plusieurs sources de revenus, elles peuvent absorber de telles pertes assez facilement. Les petites banques sont plus dépendantes des fonds d’épargne. Elles vont se concentrer principalement sur ce client particulier, car c’est une source de financement relativement bon marché. Mais elles courent également plus de risques », a expliqué l’économiste Selien De Schryder à VRT NWS.
- En outre, les partis au pouvoir ont lancé plusieurs projets de loi visant à augmenter le taux d’intérêt minimum d’un compte d’épargne. La Banque nationale de Belgique (BNB) et la BCE les ont rejetées. Selon les institutions monétaires, de telles interventions gouvernementales pourraient avoir des effets négatifs sur la stabilité financière du secteur bancaire.
- En dehors du bon d’État, l’État ne dispose donc pas de beaucoup d’outils pour inciter les banques à augmenter les taux.
L’épargnant
Les épargnants, en revanche, ont un peu plus de pouvoir. Grâce au bon d’État, ils ont montré qu’ils étaient prêts à explorer d’autres horizons. Ils préfèrent néanmoins les produits d’épargne sûrs.
- Mais : il s’agit d’une opération ponctuelle. Il y a de fortes chances qu’une partie importante du capital investi par les Belges dans le bon d’État se retrouve à nouveau sur un compte d’épargne l’année prochaine.
- Il est donc important de se projeter dans l’avenir. Le compte d’épargne ne devrait être qu’une partie d’un portefeuille diversifié. Ce compte est destiné à conserver l’argent dont vous aurez besoin dans un avenir proche. Pour tous les autres capitaux, il existe des alternatives plus lucratives. Il s’agit des fonds communs de placement, des ETF, de l’assurance branche 23 ou des actions.
- Lorsque nous investissons une plus grande partie de notre capital dans d’autres produits pendant une période plus longue, la pression exercée sur les banques pour qu’elles augmentent les taux d’intérêt des comptes d’épargne s’accroît. Elles ont notamment besoin de nos dépôts d’épargne pour accorder des crédits.
- Marc Raisière, CEO de Belfius, commentant les résultats semestriels, a averti que le succès du bon d’état pourrait conduire à des prêts au logement plus cher. Il a souligné que les plus de 20 milliards d’euros que les Belges ont confiés au gouvernement ne peuvent pas être réinjectés dans des prêts pour financer l’économie.
- « Dire, au moment où vous faites des bénéfices exceptionnels, que vous allez rendre le crédit logement encore plus cher est incompréhensible. Vous n’avez donc pas compris ce qui se passe », a récemment répondu Van Peteghem dans une interview accordée à De Standaard.
La BCE
C’est la BCE qui a eu l’impact le plus important sur les taux d’intérêt des comptes d’épargne.
- La plupart des banques ont relevé leurs taux pour la première fois à l’automne 2022 ou au début de l’année 2023. À ce moment-là, la banque centrale avait déjà revu le taux directeur à la hausse à plusieurs reprises.
- Entre-temps, les taux d’intérêt ont atteint 3,75 %, le niveau le plus élevé depuis l’automne 2000. Pour rappel, avant le début de l’été 2022, les banques devaient encore payer un taux d’intérêt punitif de 0,5 % sur les dépôts qu’elles effectuaient auprès de la banque centrale.
- Les membres du conseil d’administration de la BCE se réuniront à nouveau dans le courant du mois. Il y a fort à parier qu’ils augmenteront encore les taux d’intérêt pour les porter à 4 %, le niveau le plus élevé jamais atteint dans l’histoire de l’institution. Il n’est donc pas exclu qu’une éventuelle modification des taux d’intérêt se traduise par une hausse des taux d’intérêt cet automne.
(JM)