Qui investit dans les énergies fossiles n’est pas un bon catholique, selon le pape François

Le Vatican appelle les catholiques du monde entier à suspendre les investissements dans les armes et les combustibles fossiles. Et ce ne sont pas que des mots: les institutions catholiques ont déjà réorienté des milliards de capitaux.

D’autres secteurs comme l’exploitation minière doivent être surveillés de près, selon le chef spirituel du monde catholique, ‘pour éviter d’endommager l’environnement’.

Anniversaire du « cycle climatique »

L’appel a été présenté dans un manuel de 225 pages à destination des dirigeants de l’Église et du personnel spirituel. La directive est parue en l’honneur du cinquième anniversaire de l’encyclique (ordonnance papale) Laudato Si, dans laquelle le pape François a reconnu la nécessité de protéger la nature, le climat et les personnes sans défense.

Ce manuel qui date de la semaine dernière vise à fournir des conseils concrets pour atteindre les objectifs de cette encyclique de 2015.

Et la section sur les finances est sans détour: ‘Les gens peuvent amorcer un changement positif. Par exemple, en bannissant les entreprises qui ne répondent pas à certains paramètres’. Ces paramètres sont le respect des droits de l’homme, l’interdiction du travail des enfants et la protection du climat et de l’environnement.

Double impact

Selon le Saint-Père, une transition énergétique responsable peut relever deux des plus grands défis de notre époque: l’inégalité mondiale et le changement climatique.

‘La construction de systèmes énergétiques sûrs, accessibles, fiables et efficaces, basés sur des sources d’énergie renouvelables peut permettre de répondre aux besoins des populations les plus pauvres tout en limitant le réchauffement climatique’, indique le document papal.

Le pape François appelle également à une forte taxation des émissions de dioxyde de carbone.

‘Avortement, armes et combustibles fossiles’

‘Pour prendre soin de notre maison commune’, comme le stipule l’encyclique, le Vatican s’adresse directement aux 1,2 milliard de catholiques du monde entier: ‘Évitez les entreprises nocives pour l’écologie humaine ou sociale, celles qui pratiquent l’avortement en chaîne ou le trafic d’armes, et privilégiez celles en faveur du climat et de l’environnement.’

Le manuel appelait également à une ‘surveillance stricte’ pour prévenir la pollution de l’air, du sol et de l’eau.

Un appel qui prend forme

Et de nombreux instituts catholiques ont répondu à l’appel de Rome. Plus d’une douzaine de congrégations des sœurs dominicaines ont annoncé un investissement conjoint de 40 millions d’euros dans deux nouveaux fonds climat de la banque d’investissement Morgan Stanley.

Les fonds se concentrent sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. En outre, ils investissent également dans des solutions pour les communautés touchées par le changement climatique. Le fonds privé comptait environ 100 millions d’euros à la fin du printemps, le fonds public environ 20 millions. Les Sœurs franciscaines ont emboîté le pas et ont annoncé la réorientation de 5% de leur capital d’investissement vers ce fonds public.

Le mois dernier, plus de 40 institutions catholiques ont rejoint un mouvement conjoint de désinvestissement dans les combustibles fossiles: le Catholic Impact Investing Collaborative comprend déjà 21 institutions européennes et américaines qui ont signé le vœu de désinvestissement, d’une valeur d’environ 40 milliards d’euros d’actifs.

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