La cryptomonnaie Ethereum ambitionne de devenir un « ordinateur mondial » qui décentraliserait le modèle professionnel client-serveur. Explications.
Ethereum est une plateforme décentralisée qui gère des smart-contracts (des protocoles appelés contrats intelligents) et permet, entre autres, l’échange de la devise cryptée Ether (ETH). Elle utilise une infrastructure globale en chaîne de blocs, où chaque bloc a des répercussions sur les autres.
Démarré en août 2014, le projet est fondé par le jeune programmeur russo-canadien Vitalik Buterin (photo ci-dessous) et développé par la Fondation Ethereum, un organisme suisse à but non lucratif. Ce projet prend de l’ampleur grâce aux « contributions de grands esprits à travers le monde », explique la Fondation.
Vendu initialement à 0.26 euros, l’Ether a connu une croissance supérieure à 5.000% pour redescendre aujourd’hui à 412 euros (valeur fluctuante). Ce système intéresse déjà le monde bancaire: une banque sud-africaine utilise avec succès un système de transaction basé sur la chaîne de blocs de la plateforme Ethereum. Certains analystes pensent que sa valeur pourrait remonter à 2.500 dollars (2.126,57 euros) dans le courant de l’année.
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L’intérêt de la blockchain
Développé sur la chaîne de blocs, le projet Ethereum permet « aux développeurs de créer des marchés, de stocker des registres de dettes ou de promesses, de transférer des fonds conformément à des instructions passées (comme un testament ou un contrat à terme) et de nombreuses autres données numériques sans risque de contrepartie », expliquent les développeurs.
L’application Ethereum fonctionne avec l’infrastructure de la blockchain, une infrastructure globale mais partagée qui revisite les notions de propriété. Sur la chaîne de blocs, chaque mouvement est enregistré, chaque transaction est actée et ne peut être effacée. Cette technologie ne demande aucune intervention d’une autorité tierce, ce qui représente une évolution particulièrement importante dans le monde des transactions et des échanges de données.
Ethereum a pour objectif de créer un nouveau réseau d’échange d’informations qui serait décentralisé et s’opposerait à un Internet centralisé, soit un Internet détenu par une poignée de grosses compagnies. Là où Bitcoin avait pour ambition de perturber PayPal, Visa, Mastercard et les services bancaires en ligne, Ethereum espère utiliser la chaîne de blocs pour remplacer les tierces parties sur Internet – celles qui stockent des données, transfèrent des hypothèques et suivent des instruments financiers complexes.
Vitalik Buterin a d’ailleurs récemment déclaré qu’il espérait « vraiment que les échanges centralisés brûleront autant que possible en enfer ». Le créateur d’Ethereum a critiqué les plateformes centralisées qui ont la capacité de décider quelles cryptomonnaies vont pouvoir devenir grandes. Selon Buterin, elles le font en prélevant « ces folles commissions de 10 à 15 millions de dollars ». La décentralisation qui est à l’oeuvre permettra de mieux satisfaire les « valeurs de la blockchain » qui sont « l’ouverture et la transparence ».
Voici une liste des 1.703 applications qui utilisent Ethereum.
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Créer une organisation autonome démocratique
Sur ce plan, la Fondation Ethereum voit beaucoup plus loin qu’une simple refonte du système bancaire. L’organisation de Vitalik Buterin aspire à créer de nouveaux cadres sur lesquels les sociétés pourront se développer et prendre des formes novatrices. Le pouvoir directionnel dans ces entreprises sera redéfini pour donner quelque chose de – en théorie – radicalement nouveau.
La Fondation donne l’exemple d’un individu qui veut lancer sa start-up, qui a déjà développé son idée et obtenu les fonds nécessaire pour lancer. Que lui reste-il encore à faire? Cet individu doit « embaucher des gestionnaires, trouver un directeur des finances digne de confiance pour gérer les comptes, organiser des réunions du conseil et faire un tas de paperasse ».
Mais il peut aussi bien laisser tout se faire gérer par les contrats intelligents d’Ethereum. Ces derniers recueilleront « des propositions de vos bailleurs de fonds et les soumettront à travers un processus de vote complètement transparent ». Laisser les contrats intelligents gérer une partie du travail administratif d’une organisation serait comme avoir un robot protégé de toute forme d’influence et donc totalement impartial.
En résumé, la Fondation Ethereum espère remodéliser le monde avec une technologie administrative.