Quand Modrikamen ressort le fantôme Fortis du placard

L’affaire Fortis, l’un des dossiers les plus controversés de la crise financière, refait surface. Et avec lui l’un des ses avocats les plus connus: Mischaël Modrikamen. Il demande une indemnité de 7 milliards d’euros au groupe français BNP Paribas pour le rachat ‘très bon marché’ de la banque Fortis en 2008-2009.

Piqûre de rappel. Face à la crise mondiale du crédit en 2008, le groupe Fortis s’effondre au mois de septembre. Pas le choix, les gouvernements belges et néerlandais décident de porter secours à la banque. Car la chute spectaculaire des prix a fait partir en fumée des milliards d’euros provenant de particuliers. Une solution est finalement trouvée avec le groupe français BNP Paribas. Avec une conséquence déchirante: la plus grande banque belge sera désormais aux mains d’un pays étranger.

Le crash de Fortis a entraîné une série de poursuites dont les deux plus importantes sont aujourd’hui (presque) réglées. Le groupe d’assurance Ageas, successeur de l’ancien Fortis, est parvenu à un accord à 1,3 milliards en faveurs des investisseurs. Celle qui a trait à la possible tromperie des hauts cadres tels que l’ex-président Maurice Lippens et l’ex-CEO Jean-Paul Votron, a finalement été abandonnée faute de preuves.

La Parquet de Bruxelles justifiait à l’époque (2018) son choix: ‘Le parquet n’est pas parvenu au degré de certitude nécessaire pour que tous les éléments constitutifs de l’infraction relative à un faux dans les comptes soient réunis’. Douche froide. Le top de Fortis évitait de justesse un procès très médiatique.

7 milliards

La fin du volet pénal sera elle scellée prochainement par la chambre du conseil. Mais une autre affaire est aujourd’hui relancée, nous confirme l’avocat Mischaël Modrikamen. Débarrassé de ses déboires politiques, il relance au civil une affaire qui datait de 2013. Modrikamen compte maintenant se concentrer à 100% sur ce dossier.

Selon lui, le gouvernement belge a vendu Fortis pour une bouchée de pain: ‘Les Français ont payé 11 milliards d’euros et ont depuis reçu 8 milliards de dividendes. Sans parler de l’accès à l’épargne belge.’

Au nom de plus de 1.200 victimes, dont la majorité sont toujours actionnaires d’Ageas (ex-Fortis), l’avocat demande à BNP Paribas ni plus ni moins que 7 milliards d’euros. Cela profiterait au cours de l’action d’Ageas et donc au bout du compte aux personnes lésées.

Pour sa part, Ageas ne devrait pas jouer un rôle dans cette affaire qui refait surface. Car l’assureur préfère laisser au passé de Fortis ce qui appartient au passé. Et puis il y a aussi l’interdépendance commerciale entre AG Insurance, la filiale belge d’Ageas, et BNP Paribas.

Réseaux sociaux

Modrikamen va également utiliser une agence de communication pour remettre l’affaire Fortis sous le feu des projecteurs en Belgique, aux Pays-Bas et en France. Notamment par le biais de témoignages des victimes.

Les noms de domaines Fortisgate.be, .nl et .fr ont également été retenus par l’équipe de Modrikamen: ‘La grande différence par rapport à il y a dix ans, c’est le rôle des réseaux sociaux. Et nous en profiterons pleinement’, nous a précisé l’avocat.

Thierry Monasse/ANDBZ/ABACAPRESS.COM

Avocat à 100%

Pour Modrikamen, il s’agit d’un retour aux affaires après dix ans de politique. En 2009, il fondait en effet le Parti Populaire avec l’économiste Rudy Aernoudt, l’ancien chef de cabinet de Fientje Moerman (Open VLD). Modrikamen était convaincu qu’il y avait un marché à prendre à la droite du MR.

S’inspirant de Marine Le Pen et plus particulièrement de Matteo Salvini, le Bruxellois n’a toutefois pas connu la même réussite. Et il a fini par se retirer du parti et de la politique de manière générale.

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