Aux États-Unis, au Brésil, en Inde ou à Madagascar, des dirigeants du monde entier émettent des conseils erronés, douteux ou non prouvés sur d’éventuels façons de traiter le coronavirus.
États-Unis
Commençons avec les allégations les plus récentes, et sans doute les plus curieuses: celles du président américain Donald Trump. Lors de la réunion d’information de la task force de la Maison Blanche jeudi, un fonctionnaire a présenté les résultats des recherches du gouvernement américain sur le coronavirus. Ceux-ci prétendent qu’il semble s’affaiblir plus rapidement lorsqu’exposé à la lumière du soleil et à la chaleur.
Tout en notant que la recherche doit être traitée avec prudence, Trump a ensuite suggéré de poursuivre les recherches dans ce domaine… ‘Supposons donc que nous frappions le corps avec une lumière énorme – qu’il s’agisse d’ultraviolets ou simplement d’une lumière très puissante’, a-t-il déclaré à l’intention du Docteur Deborah Birx, coordinatrice de la réponse au coronavirus à la Maison Blanche. ‘Et je pense que vous avez dit que cela n’a pas été vérifié mais que vous allez le tester. Cela semble intéressant.’
L’étude présentée a également montré que l’eau de javel pouvait tuer le virus dans la salive ou les fluides respiratoires en cinq minutes et que l’alcool isopropylique pouvait y arriver encore plus rapidement. Il va sans dire qu’il est fortement déconseillé d’avaler de tels produits toxiques.
Les médecins ont rapidement fustigé les conseils dangereux du président américain. ‘Cette notion d’injection ou d’ingestion de tout type de produit nettoyant dans le corps est irresponsable et dangereuse’, a déclaré le pneumologue Vin Gupta à NBC News. ‘C’est une méthode courante que les gens utilisent quand ils veulent se suicider.’
Brésil
Au Brésil, c’est l’hydroxychloroquine que porte dans son cœur le président Jair Bolsonaro. Un point commun avec Donald Trump, d’ailleurs. Fin mars, il partageait donc une vidéo sur Facebook où il clamait que ‘l’hydroxychloroquine fonctionne pour tout le monde’.
Problème: l’efficacité de ce traitement reste à prouver, alors qu’une étude américaine indique qu’il augmenterait même le risque de décès. Dans sa chasse aux fake news, le réseau social de Mark Zuckerberg a donc décidé de retirer cette vidéo.
Inde
Le député indien Subramanian Swamy s’est lui démarqué dans un autre registre. Il est à la source d’une rumeur selon laquelle le virus circulant en Inde serait une mutation moins virulente que celle qui voyage à l’étranger. Citant ‘un ami américain’, il explique sur Twitter que ‘la souche Covid-19 en Inde peut être vaincue plus efficacement par le mécanisme de défense naturel de notre corps que les souches à l’étranger’. D’autre politiciens indiens ont fait des déclarations similaires sans citer aucune recherche.
Certains utilisateurs ont répondu en postant un lien vers une étude qui, selon eux, soutenait son idée. Mais cette étude doit encore faire l’objet d’un examen par les pairs et a ses propres défauts, notamment l’utilisation de données limitées, indique le site The Print.
D’autres n’ont pas hésité à le remettre à sa place, comme le docteur Gagandeep Kang qui a qualifié ces commentaires ‘d’épouvantables et trompeurs’.
Madagascar
Enfin, le dernier traitement miracle nous vient de Madagascar. Le président Andry Rajoelina y vante les mérites d’une tisane traditionnelle pour combattre le coronavirus, le ‘Covid Organics’. ‘Cette tisane donne des résultats en sept jours’, a-t-il affirmé après avoir bu cette boisson développée par l’Institut malgache de recherche appliqué (IMRA). Elle a été commercialisée pas plus tard que le 20 avril et est préparée à base d’armoise, une plante à l’efficacité prouvée contre le paludisme.
‘On peut changer l’histoire du monde entier. Deux malades du Covid-19 ont déjà été guéris grâce au Covid Organics. L’une des deux patientes rétablies n’est autre que ma tante’, a indiqué le président malgache. ‘Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que nous avons de bons résultats avec cette potion. Elle est notre gilet pare-balles dans cette guerre contre le coronavirus. Nous allons la distribuer gratuitement à tous les Malgaches, à commencer par les cas contacts identifiés.’
Joignant le geste à la parole, l’armée livre désormais à domicile le remède traditionnel aux habitants surpris. Distribution en porte-à-porte, en tenue militaire, mais sans arme.
L’efficacité de ce remède miracle reste toutefois à prouver. Le président de l’Académie nationale de médecine de Madagascar pointe le manque d’étude à ce sujet: ‘il s’agit de médicament dont les preuves scientifiques ne sont pas encore élucidées et qui risque de porter préjudice à la santé de la population, en particulier à celle des enfants.
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L’OMS a pour sa part rappelé qu’il n’existait pour l’heure ‘aucune preuve que des médicaments actuels puissent prévenir ou guérir la maladie’, tout en reconnaissant que des ‘remèdes traditionnels peuvent soulager des symptômes du Covid-19’.
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