Après des profits records « grâce » à la guerre, les compagnies de pétrole et de gaz de schiste se plaignent de l’inflation des coûts

En 2022, la plupart des compagnies américaines actives dans le pétrole et le gaz de schiste ont enregistré des bénéfices records. Elles sont bien moins optimistes pour 2023.

Pourquoi est-ce important ?

Avec l'explosion des prix du gaz et du pétrole, de nombreuses entreprises énergétiques ont réalisé d'incroyables bénéfices. Celles actives aux États-Unis n'ont pas fait exception, loin s'en faut. De quoi régaler leurs actionnaires, au grand dam de Joe Biden.

Dans l’actu : les groupes énergétiques américains pessimistes pour 2023.

  • Ces derniers jours, plusieurs compagnies américaines actives dans l’exploration et la production de pétrole et de gaz de schiste ont dit s’inquiéter de l’augmentation de leurs coûts en 2023.
  • Elles ont pourtant réalisé des bénéfices records l’an dernier.

Le détail : jusqu’à 50% d’inflation des coûts ?

  • Ces dernières semaines, les dirigeants de ces groupes ont indiqué que les chiffres de 2023 risquent d’être bien moins glorieux, rapporte le Financial Times. Cela en raison de l’inflation de leurs coûts.
  • Ce sont surtout les coûts liés à l’équipement et à la main d’œuvre qui augmentent, ont-ils signalé.
    • « Nous avons vu entre 30 et 50% d’inflation – selon la catégorie de coûts dont vous parlez – et c’est ce qui nous attend en 2023 », s’est inquiété auprès des analystes Jeff Ritenour, directeur financier de Devon Energy, l’un des plus grands exploitants de schiste, lors de sa conférence téléphonique sur les résultats.
  • Les cabinets de conseil font le même constat. Rystad Energy note ainsi que la baisse des prix du pétrole et l’inflation des coûts des prix feront que leurs flux de trésorerie disponibles seront « probablement à la baisse par rapport aux niveaux de 2022 ».
    • Les flux de trésorerie disponibles sont définis comme l’argent issu des opérations diminué des dépenses en capital. Cela correspond à la capacité d’une entreprise à générer des ressources supplémentaires.
    • À titre d’exemple, Pioneer Natural Resources a affiché 8,4 milliards de dollars de flux de trésorerie disponibles l’an dernier. Cette année, ce chiffre devrait être réduit de moitié.

Une situation « scandaleuse », selon Biden

Le contexte : bénéfices records en 2022.

  • Si ces compagnies se disent inquiètes, elles ne sont toutefois pas à plaindre. En 2022, elles ont profité de la forte augmentation des prix de l’énergie pour réaliser des bénéfices historiques.
  • Pioneer a ainsi vu son bénéfice net annuel tripler en à peine un an pour atteindre 7,9 milliards de dollars. Chez Devon Energy, ce chiffre a doublé : 6 milliards de dollars.
  • Les principaux bénéficiaires de ces résultats faramineux ont été les actionnaires de ces groupes énergétiques, via les dividendes et les rachats d’actions. Une stratégie vivement critiquée par Joe Biden.
    • Le président américain les a appelés à plusieurs reprises à utiliser cet argent pour forer davantage en vue de faire baisser les prix à la pompe.
    • Dans son discours sur l’état de l’Union, il a déclaré que les superprofits enregistrés par ces compagnies étaient « scandaleux ». Il les a accusées de « profiter de la guerre » et avait menacé d’instaurer de nouvelles taxes sur les bénéfices « excédentaires ».
    • En parallèle, Biden a dit vouloir augmenter les impôts sur les rachats d’actions pour encourager les entreprises énergétiques à investir davantage.
  • Toutefois, tant qu’elles ne se traduisent pas dans la loi, ces menaces resteront sans effet sur les compagnies concernées.
    • « Une croissance significative n’est toujours pas envisageable pour la majorité des sociétés publiques d’exploitation du pétrole de schiste, qui ont continué à fixer des objectifs de rendement en espèces plutôt que des objectifs de production et ne sont pas disposées à renoncer à la discipline en matière de capital », a souligné Matthew Bernstein, analyste chez Rystad, auprès du FT.
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