Pour un professeur de la VUB, ce sont les Chinois qui ont le plus gagné avec l’arrivée d’Alibaba à Liège

Il a pu le constater dans une étude appelée « Worse Than Cocaine », soit « pire que la cocaïne » en français. Le professeur explique que les Chinoise sont décrits par des douaniers comme « plus inventifs que les trafiquants de drogues ».

Pourquoi est-ce important ?

L'arrivée d'Alibaba à l'aéroport de Liège était un évènement fin 2019. Cette arrivée s’accompagnait de la promesse de création de 900 emplois directs et jusqu’à 3000 emplois indirects. L'ancienne Première ministre, Sophie Wilmès, avait déclaré que les entreprises belges pourraient exporter plus facilement vers la Chine grâce à cette arrivée, rappelle Belga.

L’actualité : Une étude de Jonathan Holslag, professeur à la VUB, montre que l’arrivée d’Alibaba à Liège profite surtout à l’Empire du Milieu.

  • Selon le professeur, les Chinois sont les grands gagnants de cette arrivée : « Les exportations chinoises via l’aéroport de Liège ont explosé. Les données des douanes révèlent que le trafic d’Alibaba à Liège est passé de 384.973 colis en 2017 à 649.969.780 en 2021 », indique-t-il. Attention que ces chiffres prennent en compte les exportations et les importations, mais les exportations belges sont une partie très limitée, explique l’étude.
  • En plus de l’augmentation du nombre de colis, les entreprises chinoises qui exportent leurs produits ne facilitent pas la tâche des douaniers. « L’étiquette du produit indique des briquets, alors qu’il contient des téléphones portables », explique un responsable des douanes. « Certains opèrent mieux que la mafia de la drogue. Ils sabotent notre contrôle et emballent les choses de telle sorte que vous devez tout trier. Il faut des heures et parfois des semaines pour contrôler un conteneur », ajoute-t-il. Un autre responsable a ajouté : « Il s’agit d’une forme de mafia et c’est beaucoup plus… sophistiqué que la mafia de la cocaïne. Elle est très flexible et inventive. C’est comme avec les mafias de la drogue. Ils vous testent en permanence et trouvent des moyens alternatifs. »

La Belgique puis l’Europe ?

L’enjeu : Dans la conclusion de l’étude, Jonathan Holslag considère ce cas comme pertinent dans un contexte européen plus large.

  • L’étude précise : « Fin 2022, soit environ sept ans après les premiers échanges entre Alibaba et le gouvernement belge, l’entreprise chinoise de commerce électronique employait environ 250 (au lieu des 900 promis, NDLR), travailleurs à l’aéroport de Liège. Elle exploite un entrepôt de 30 000 m² et a commencé à faire des plans pour une expansion de 90 000 m². Les vols quotidiens passeraient alors de quatre à quinze. Malgré l’ampleur de ce projet, Alibaba n’a pas tenu ses promesses initiales. »
  • Mais ce n’est pas tout : « Plus importants encore, nous n’avons trouvé aucune preuve que sa plateforme de commerce électronique avait aidé les petites et moyennes entreprises belges à exporter davantage vers le marché chinois, comme l’avaient annoncé Alibaba et les hauts responsables politiques belges. », ajoute le professeur Holslag.
  • Pour lui, cela « montre qu’un manque de contrôle équilibré des investisseurs chinois peut conduire à des attentes irréalistes et à de mauvaises politiques. (…) Des projets tels qu’Alibaba à Liège sapent les efforts au niveau de l’UE pour rendre le commerce avec la Chine plus équilibré. »
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