Vous l’aurez remarqué si vous avez pris l’avion cet été : l’époque des vols à prix bon marché est bel et bien révolue. Une observation qui n’a pas échappé à la Commission européenne, qui veut faire pression sur les compagnies aériennes. Et c’est à peu près tout.
Les prix des vols ont explosé jusqu’à 30% en Europe l’été dernier, et ça ne plait pas à la Commission… qui ne peut rien y faire

Pourquoi est-ce important ?
Les grandes compagnies aériennes ont vu leurs profits décoller durant l'été grâce à l'augmentation des tarifs. Mais il semble que le citoyen européen devra se faire une raison : l'UE ne peut pas nous aider. L'objectif des régulateurs est de trouver un juste milieu où leur intervention est suffisante pour protéger les intérêts publics. Cela signifie réguler avec une main légère et se concentrer sur l'établissement de cadres réglementaires... Plutôt que de contrôler directement les prix.Dans l’actu : Les compagnies aériennes ont revu à la hausse leurs prix entre 20% et 30% l’été dernier par rapport à 2019, avant que la pandémie ne débarque. L’UE décide de prendre le taureau par les cornes.
- La commissaire européenne aux transports, Adina Vălean, a déclaré au Financial Times que la Commission « examine les détails de ce qui se passe exactement sur le marché et pourquoi ».
En pratique : On sait déjà que cette hausse des prix a été déclenchée par :
- L’explosion de la demande après la pandémie, avec l’effet de rattrapage.
- Les problèmes de chaîne d’approvisionnement et la pénurie de nouveaux avions.
- Fin septembre, Ryanair a annoncé une réduction des vols prévus cet hiver en raison des retards de livraison d’avions Boeing. Cela impacte trois avions de sa flotte à l’aéroport de Charleroi.
- Un accord entre les États membres et le Parlement européen, qui impose des coûts de pollution plus élevés pour les compagnies aériennes. Cet accord vise à accélérer l’élimination des crédits carbone gratuits et étendre la responsabilité de l’industrie à inclure des émissions au-delà du CO2.
« Ni faisable ni souhaitable »
Toutefois : Cela ne semble pas convaincre l’UE, qui veut mettre au clair la dynamique derrière cette évolution des prix des vols.
- Reste aussi à savoir s’il s’agit d’une tendance ponctuelle ou à long terme.
- Selon le directeur de l’IATA, la capacité des compagnies aériennes restera ainsi limitée jusqu’en 2025 au moins.
- « Nous nous attendons à ce que la capacité n’augmente pas au même niveau que la demande », estime de son côté la commissaire européenne aux transports.
En réalité : À part crier beaucoup, l’Europe n’a pas vraiment les moyens de faire bouger les choses. Ni ne le veut.
- « Nous ne pouvons pas, en tant que régulateur, procéder à une microgestion des prix ou imposer cela, je ne pense pas que cela soit faisable ou souhaitable« , a déclaré Vălean.
- Les régulateurs européens doivent effectivement équilibrer leur intervention pour ne pas entraver les principes du marché libre. Ceux-ci stipulent que les prix doivent être déterminés par l’offre et la demande.
- Non, ce qui inquiète vraiment la Commission, c’est que « le prix puisse devenir un obstacle à la connectivité » entre les pays.
- Autrement dit, que les prix élevés affectent à terme la mobilité des citoyens et le commerce. Et donc l’intégration et la coopération européennes.
- On ignore donc encore comme l’UE compte procéder pour faire en sorte que ces prix n’empêchent pas les Européens de voyager.
Un gouvernement réagit (pour de vrai)
Zoom arrière : Pendant ce temps, l’Italie a pris une vraie résolution : plafonner le prix des vols.
- Cela ne concerne toutefois que les vols entre les îles (Sicile et Sardaigne) et le continent, jusqu’à 830% plus élevés que la moyenne.
- Ce qui a pourtant suffi à susciter l’ire du patron de Ryanair, la compagnie aérienne la plus concernée par ces vols.
- Il estime que la mesure est « illégale et inapplicable, car les règles européennes stipulent que les prix sont fixés par le marché ».
- La Commission européenne « retoquera la mesure italienne. En attendant, nous ne respecterons pas ces c**neries », a affirmé Michael O’Leary.
- Depuis, le gendarme italien de la concurrence a ouvert une enquête contre Ryanair pour abus de position dominante. Le torchon brûle.