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Premier vol d’essai réussi pour le nouvel avion de ligne russe, qui doit remplacer les appareils occidentaux

Premier vol d’essai réussi pour le nouvel avion de ligne russe, qui doit remplacer les appareils occidentaux
Un avion IL-96 aux couleurs russes. (Photo by Georgi Paleykov/NurPhoto via Getty Images)

Le constructeur russe United Aircraft Corporation l’assure : le premier vol de son nouvel avion de ligne, le long-courrier IL-96-400M, est un succès. Celui-ci devrait à terme remplacer les Airbus A340 et les Boeing 777, des appareils auxquels la Russie n’a plus accès.

Pourquoi est-ce important ?

En se lançant dans l'invasion de l'Ukraine en dépit du bon sens, le gouvernement russe a privé son pays d'énormément de biens que celui-ci ne produit pas ou plus. Par exemple, des avions de ligne. Le "holdup du siècle" (les 500 avions occidentaux loués à des compagnies russes qui ont été saisis) a permis de tenir le coup un temps. Mais le pays compte sur un nouveau modèle national.

Un premier avion de ligne russe en 10 ans

Dans l’actualité : un prototype de l’avion long-courrier IL-96-400M a décollé pour la première fois, selon son constructeur, le géant de l’aéronautique russe United Aircraft Corporation. Cet avion doit succéder au précédent appareil IL-96-300 de la compagnie, dont la production, lancée en 1992, semble avoir cumulé à 33 appareils, dont aucun ne semble aujourd’hui être âgé de moins de 10 ans.

  • Le vol s’est très bien passé selon la compagnie, qui regroupe sous son aile les constructeurs russes Tupolev, Iliouchine et Soukhoï. Il a duré 26 minutes et a atteint des altitudes allant jusqu’à 2.000 mètres et une vitesse de 390 kilomètres à l’heure, selon un communiqué de presse.
  • La version finale de l’avion, pour laquelle on n’a pas d’échéance, serait capable de transporter jusqu’à 370 passagers, répartis en trois classes. Une configuration comparable à des avions tels que les Airbus A340 ou Boeing 777.
  • « Le premier et réussi vol du modernisé IL-96-400M est une démonstration du plus haut niveau de compétence des constructeurs aéronautiques nationaux », a paradé le vice-premier ministre russe Denis Mantourov, note CNN.

L’année dernière, l’aviation russe annonçait se lancer dans la production de 1.000 avions de ligne d’ici 2030. Un retour à la production nationale inédit depuis la chute de l’URSS, mais qui s’explique tout simplement parce que la Russie n’a plus accès aux appareils classiques de chez Airbus ou Boeing.

« Plane-jacking » massif

  • Le pays s’est bien emparé de quelque 500 avions appartenant à des compagnies étrangères et loués à des acteurs russes. Un grand « plane-jacking » d’une valeur de 10 milliards de dollars, mais qui n’est valable qu’un temps. On estime qu’une centaine d’avions au moins a été cannibalisée pour nourrir les autres en pièces de rechange.
  • En mai 2022, le Parlement européen a sommé la Russie de rendre ces avions, car, outre qu’ils avaient été volés, ils devenaient dangereux, par manque d’entretien et de pièces de rechange. En outre, sans certification, ceux-ci ne peuvent plus voler hors de l’espace aérien russe.
  • Mais le pays n’avait pas vraiment le choix. Il avait déjà perdu 10 % de ses avions commerciaux, bloqués à l’étranger par les sanctions européennes et américaines.

« Bien que Moscou ne l’admettra pas, les sanctions qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine ont vraiment endommagé l’aviation russe. Le problème est le manque de pièces détachées – certaines entrent indubitablement par la porte de derrière – cela signifie que de nombreux avions Airbus et Boeing qui volent en Russie aujourd’hui sont potentiellement dangereux. Bien que la Russie ait un régulateur compétent, il y a très peu de visibilité quant à l’état de santé de sa flotte. »

Murdo Morrison, chef du contenu stratégique chez FlightGlobal, cité par CNN

Parmi les pays les plus dangereux pour voler

L’année dernière, un audit de sécurité de l’Organisation de l’aviation civile internationale a hissé le drapeau russe sur l’état de la flotte russe. Un signal de « surveillance réglementaire insuffisante » que le pays ne partage qu’avec le Bhoutan, le Libéria, et la République démocratique du Congo.

  • Le nouvel IL-96-400M devrait, lui, répondre aux exigences réglementaires internationales, assure son constructeur. Ça sera sans doute le cas, estime Morrisson.
  • Mais celui-ci ne croit pas à une production en masse : « Essayer de restaurer l’industrie aérospatiale russe d’avant 1990 est un pari énorme. En fait, cela coûtera des milliards à l’État, bien que Moscou accepte probablement que le prix politique en vaille la peine, et n’a d’ailleurs pas le choix. »
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