Poutine surfe sur la crise énergétique pour blâmer la transition verte: voici comment il compte éviter « l’hystérie des marchés européens »

La Russie ne s’est pas encore fixée d’objectif clair pour faire passer ses émissions nettes à zéro. L’Europe lui a récemment mis la pression pour qu’elle dévoile une politique climatique plus ambitieuse à l’occasion de la COP26, qui débute le 1er novembre. Mais la crise énergétique du moment tombe à point nommé pour Vladimir Poutine. C’est, selon lui, la preuve que les Européens se trompent.

La semaine dernière, les ambassadeurs de l’Union européenne, de l’Italie et du Royaume-Uni en Russie se sont unis pour écrire une tribune dans un important quotidien économique national. Ils ont invité les décideurs russes à « saisir l’occasion » que constitue la COP26 pour développer les énergies renouvelables et les technologies vertes.

« Nous invitons la Russie à prendre des engagements encore plus ambitieux pour parvenir à des émissions nettes de carbone nulles d’ici 2050, en nous rejoignant ainsi que de nombreux autres pays qui ont déjà déclaré des objectifs similaires », ont-ils indiqué.

Ce mardi, indirectement, Vladimir Poutine leur a répondu. Leur demande ne va nullement influencer l’agenda russe. Et ce n’est certainement pas la crise énergétique qui touche actuellement l’Europe de plein fouet qui va inciter le président russe à presser le pas.

« Il faut une transition en douceur »

S’exprimant lors d’une réunion du Cabinet, M. Poutine a affirmé que l’actuelle flambée des prix du gaz naturel en Europe était en bonne partie due à une transition verte précipitée.

« Voyez ce qui se passe en Europe – il y a de l’hystérie et de la pagaille sur les marchés », a déclaré le président russe, cité par AP. « Pourquoi ? Parce que personne ne prend la situation au sérieux. Certains spéculent sur les questions de changement climatique, certains sous-estiment certaines choses et d’autres commencent à réduire les investissements dans les industries minières. »

M. Poutine a insisté sur le fait que la Russie ne suivrait pas le même chemin que l’Europe. Et qu’elle ne commettrait donc pas ce qu’il considère comme des erreurs.

« Il doit y avoir une transition en douceur », a-t-il expliqué. « Nous voyons à quoi peuvent mener certaines décisions déséquilibrées, un développement déséquilibré et des virages brusques. Nous le voyons bien aujourd’hui sur les marchés européens de l’énergie. »

Charbon, pétrole et gaz durables

M. Poutine a plusieurs fois assuré que la Russie respecterait tout de même ses engagements pris lors de l’accord de Paris en 2015. Mais la direction qu’il fera prendre à son pays ne devra pas fragiliser l’économie nationale, qui dépend fortement de l’exportation des combustibles fossiles.

Pour le président russe, pas question, donc, d’abandonner le charbon, le pétrole et le gaz. Ce mardi, il a expliqué qu’il fallait poursuivre le développement de ces secteurs en vue de les rendre durables.

« Les tâches visant à réduire l’impact négatif sur le climat ne doivent pas devenir un lourd fardeau pour les entreprises et nos citoyens. Dans le sens inverse, les décisions que nous prenons doivent contribuer à stimuler la croissance et le développement technologique de l’économie russe », a-t-il résumé.

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