Cet avion-espion américain, repéré dans la région par les autorités chinoises, est conçu pour détecter les déchets nucléaires. Il y a beaucoup d’interprétations différentes au sujet de sa présence. Ce que nous savons, en revanche, c’est qu’un sous-marin nucléaire américain est entré en collision avec un « objet inconnu » début octobre.
Le 2 octobre dernier, le sous-marin nucléaire USS Connecticut est entré en collision sous l’eau avec un « objet inconnu » en mer de Chine méridionale. L’incident a blessé 11 marins à bord. CNN rapporte aujourd’hui que le sous-marin n’a subi aucun dommage. L’engin serait entré en collision avec un mont sous-marin qui n’avait pas encore été intégré au système de navigation de l’armée américaine. Cela aurait pu être la fin de l’histoire.
Mais le journal hongkongais South China Morning Post (SCMP) apporte un éclairage différent sur cette histoire. Selon ses informations, plusieurs avions-espions ont été repérés au-dessus de la mer de Chine méridionale ces derniers jours. L’un d’eux serait spécialement conçu pour « renifler » les déchets radioactifs. Selon le SCMP, cela pourrait être la preuve que le sous-marin nucléaire a été endommagé lors de la collision et qu’il a laissé échapper des déchets radioactifs dans la mer. Et si ce n’est pas le cas, l’armée américaine est sûrement en train de tenter d’écarter cette possibilité.
Cette histoire est un exemple intéressant de la façon dont les médias américains et chinois s’affrontent sur la perception des événements géopolitiques dans la très contestée mer de Chine méridionale. Cette mer est, après tout, un endroit particulièrement tactique où l’armée chinoise veut étendre son influence et où les États-Unis, à leur tour, veulent contenir la Chine.
Corroboré par des images satellites
L’avion espion dont parle le média hongkongais serait le WC-135 Constant Phoenix de Boeing. Il est connu dans l’armée américaine sous le nom de « nuke sniffer ». L’avion est donc utilisé pour prélever des échantillons de l’atmosphère et les analyser afin de détecter des traces de déchets radioactifs provenant d’explosions nucléaires.
Le groupe de réflexion chinois South China Sea Strategic Situation Probing Initiative (SCSPI) aurait publié des photos satellites montrant plusieurs avions espions américains, dont le « nuke sniffer », dans la région.
« Il est rare que le WC-135 migre vers la mer de Chine méridionale. Sa dernière activité dans cette région remonte à janvier 2020 », a indiqué le groupe de réflexion sur son compte officiel WeChat dimanche.
Que se passe-t-il vraiment ?
Pékin a qualifié d' »irresponsables » les circonstances mystérieuses entourant l’accident du sous-marin nucléaire et a demandé aux États-Unis de signaler s’il y avait eu une fuite nucléaire susceptible de contaminer l’environnement marin avec des matières radioactives. On n’en est pas arrivé là, assurent les Américains.
Ridzwan Rahmat, analyste de la défense pour le magazine militaire Janes, a déclaré au SCMP que le déploiement du WC-135 pourrait avoir été une tentative de vérifier qu’aucune matière radioactive n’avait été déversée. « Il se peut qu’il s’agisse d’une mesure de précaution prise par les États-Unis pour vérifier qu’il n’y a pas eu de fuite après la collision », analyse-t-il.
Selon Song Zhongping, un expert militaire de Hong Kong, il pourrait y avoir une autre explication. « Peut-être les États-Unis sont-ils préoccupés par le fait que la Chine effectue ses propres essais nucléaires sous l’eau, et Washington veut vérifier cela », note-t-il.
Pour l’instant, on ne sait pas exactement ce qui se passe en mer de Chine méridionale. Ce que nous savons, c’est que la Chine et les États-Unis sont fortement impliqués dans la couverture internationale de cet incident… et que des pions militaires se déplacent dans la région.