Les avions de la compagnie allemande continuent de voler malgré la grande vague d’annulation que traverse le secteur, mais sans passagers. Car la firme n’a pas le choix.
Cela semble aberrant : alors que le secteur aéronautique fait face à des milliers de vols annulés en cette période de fête suite à la rapide propagation du variant Omicron, la Lufthansa annonce qu’elle doit en maintenir 18 000, alors que les avions seront vides.
10% des vols annulés
Pourtant, la compagnie allemande a, elle aussi, dû procéder à une vague d’annulation due au nombre de malades dans son personnel naviguant ainsi qu’aux très nombreuses annulations de la part des voyageurs : ce sont près de 33 000 vols en moins pour cet hiver, soit 10% de l’offre de la Lufthansa.
Sauf que celle-ci doit maintenir certains quotas, au risque de perdre son droit d’usage dans certains aéroports. Les règles européennes sur les créneaux aéroportuaires contraignent en effet la compagnie à assurer au moins 80% de ses créneaux de décollage et d’atterrissage appelés « slots », sans quoi elle perd ses droits d’usage la saison suivante. Une situation ubuesque, de l’aveu même de la Lufthansa, qui aurait de loin préféré annuler aussi ces 18 000 trajets inutiles, qui représentent du carburant perdu et des heures de vols pour son personnel et son matériel.
Une aberration climatique
Pour éviter la multiplication des vols à vide, l’UE a suspendu ces règles au début de la pandémie en mars 2020. Avant de les réintroduire au printemps dernier en abaissant le taux minimal d’utilisation des créneaux à 50%, rappelle BFM Business.
Dans une interview accordée au Frankfurter Allgemeine Zeitung, le patron de Lufthansa, Carsten Spohr, a critiqué ces règles qui nuisent « au climat » et envoient un signal opposé « à ce que la Commission européenne fait avec son ‘Fit for 55’ », l’objectif européen de réduction de 55% des émissions de CO2 d’ici à 2030 par rapport à l’année de référence 1990.