Dans une interview accordée au site d’information économique américain CNBC, Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale de Belgique (BNB), a déclaré qu’il ne serait pas surpris si la Banque centrale européenne (BCE) relevait ses taux directeurs au-delà de 3 %.
La BCE a commencé à relever ses taux d’intérêt en juillet. Ainsi, le taux d’intérêt directeur est passé de -0,5 % à 0,75 %. Cela signifie donc que les banques perçoivent à nouveau des intérêts sur les capitaux qu’elles placent auprès des institutions monétaires de l’Union européenne. En conséquence, certaines institutions bancaires, ont déjà augmenté leurs taux d’épargne.
Un taux d’intérêt supérieur à 3 %
Il est presque certain que d’autres hausses de taux d’intérêt suivront. La BCE n’a pas réussi jusqu’à présent à freiner l’inflation. Le mois dernier, par exemple, la vie dans la zone euro est devenue 10 % plus chère par rapport à l’année dernière. Jamais dans l’histoire de l’Union monétaire, la dépréciation de la monnaie n’a été aussi forte. Wunsch n’exclut donc pas que la banque centrale soit contrainte de porter le taux directeur à plus de 3 %.
Il ajoute que les taux d’intérêt devront probablement être relevés à plus de 2 % avant la fin de cette année. Ce faisant, cela implique que la BCE relèvera ses taux d’intérêt d’au moins 125 points de base dans les mois à venir. Deux autres réunions sur les taux d’intérêt sont prévues cette année : le 27 octobre et le 15 décembre. Cela signifierait qu’au moins une nouvelle hausse de 75 points de base des taux d’intérêt nous attend.
« Ce qui se passe en Europe est différent de ce qui se passe au Royaume-Uni et aux États-Unis. Mais au cours des six derniers mois, la direction que nous avons prise n’a pas été très différente », a déclaré le gouverneur de la BNB, faisant référence à une déclaration antérieure de Christine Lagarde, la présidente de la BCE.
Lors d’un discours prononcé à Francfort en septembre, elle a déclaré qu’il ne fallait pas mettre l’inflation européenne et américaine dans le même sac. « Nous ne voyons pas de surchauffe du côté de la demande comme aux États-Unis et, malgré un marché du travail tendu, le risque d’une spirale salaires-prix semble limité jusqu’à présent », avait-elle déclaré.
La BNB freinée par les hausses de taux d’intérêt
Les hausses de taux d’intérêt sont en fait une mauvaise nouvelle pour les banques centrales. Ce sont elles qui doivent payer les intérêts sur le capital d’épargne des banques. C’est pourquoi le régulateur belge a lancé un avertissement sur les bénéfices de septembre, suivant l’exemple de son homologue néerlandais. La BNB avait alors déclaré qu’elle terminerait l’année financière en cours avec une perte et que cette perte augmenterait dans les années à venir. Ce sera sa première défaite en plus de 70 ans.
En 2021, la Banque nationale affichait encore un bénéfice de 355 millions d’euros et même plus de 600 millions les années précédentes. À l’époque, la banque a pu bénéficier de taux d’intérêt négatifs. Les institutions financières devaient payer une commission (-0,5 %) sur l’argent qu’elles prenaient aux banques centrales. Depuis le 19 septembre, le cours de l’action de la BNB a chuté de quelque 55 %.