Le groupe Heineken a publié ses résultats trimestriels. Il constate une croissance très lente des ventes de bière en Europe. Quant à Philips, l’entreprise annonce le licenciement de 4.000 personnes ce lundi. Des signes de plus que l’Europe court vers la récession?
Licenciements massifs et demande de bière en berne : l’Europe entame-t-elle sa récession ?
Pourquoi est-ce important ?
Avec la guerre en Ukraine et l'explosion des prix de l'énergie, l'économie européenne et ses grandes entreprises souffrent. Pour beaucoup d'experts, la récession n'est qu'une question de temps. Et de plus en plus de signes pointant dans cette direction apparaissent.Dans l’actualité :
- Heineken, deuxième plus grand groupe brassicole du monde, a annoncé ses résultats trimestriels ce mercredi. Le groupe y fait un constat alarmant : les ventes de bière font presque du sur-place en Europe.
- Les ventes du groupe en Europe ont augmenté de 1,3%, par rapport au même trimestre de l’année 2021 (23.800 hectolitres de bière vendus). En Italie et au Royaume-Uni, les ventes sont même en baisse. Pour la Belgique, où le groupe est présent avec ses filiales Maes, Affligem et Mort Subite, aucun chiffre n’a été fourni.
« Nous voyons de plus en plus de raisons d’être prudents sur les perspectives macroéconomiques, y compris certains signes de ralentissement de la demande des consommateurs ».
Dolf van den Brink, CEO de Heineken, dans un communiqué.
- Malgré une hausse du bénéfice (7,78 millions d’euros) de 19,8% sur le trimestre, par rapport à la même période en 2021 (ce qui est dû à une hausse des prix de la bière et à la demande asiatique), la bourse a très mal accueilli les résultats d’Heineken. L’action est 8% en deçà de son niveau de clôture de la veille, à l’heure d’écrire ces lignes. Le belgo-brésilien AB Inbev, dont les résultats sont attendus cette semaine également, est entraîné dans la chute.
L’essentiel :
- Le fait que les ventes de bière sont en baisse est un signe alarmant pour l’économie européenne en général. La bière (et l’alcool en général) est un produit relativement résistant à l’inflation et à la récession, car dans les deux cas la demande reste forte. Or, ici, elle ralentit. Et cela pour une des bières les plus vendues du continent.
- C’est avant tout une mauvaise nouvelle pour les brasseurs qui se trouvent entre le marteau et l’enclume. D’un côté, une croissance faible pour les ventes, et d’un autre côté des frais de production exorbitants à cause de la crise de l’énergie et de certaines matières premières, avec une possibilité limitée de reporter les coûts sur les consommateurs.
- Mais ce ralentissement de la demande n’est pas le seul signal de récession qui se met à clignoter. En début de semaine, un autre géant néerlandais a fait une annonce fracassante : Philips a rapporté une perte nette de 1,3 milliard d’euros. Le groupe annonce également le licenciement immédiat de 4.000 personnes. En septembre, la plateforme de vente de véhicules de seconde main, Cazoo, avait annoncé se séparer de 1.500 personnes et même fermer boutique en Europe.
- Techniquement, l’Europe n’est pas encore en récession. Pour mémoire, on parle de récession technique lorsqu’un pays (ou une entité économique comme la zone euro ou l’UE) enregistre une contraction de son PIB lors de deux trimestres consécutifs. Or, la zone euro n’est pas encore dans le rouge, contrairement aux États-Unis.
- Au-delà de ce chiffre, d’autres éléments peuvent être pris en compte pour évaluer la santé économique, comme le marché du travail, qui lui, est beaucoup plus costaud aux États-Unis. Et il est sûr qu’une chute de la demande (provoquée par l’inflation) et des licenciements massifs eu Europe n’augurent rien de bon.