L’attaque du complexe pétrolier saoudien Abqaiq est en effet la «Big One» redoutée

La production de pétrole saoudienne a été instantanément réduite de moitié  après l’attaque des champs pétroliers d’Abqaiq par une série de drones. On ne sait pas encore qui est derrière l’attaque. Les Saoudiens eux-mêmes désignent les Yéménites, les États-Unis accusent l’Iran.

Il s’agit de la troisième attaque en cinq mois contre l’infrastructure du plus grand exportateur mondial de pétrole brut. Mais c’est bien la « Big One ». L’attaque a immédiatement réduit de 50 % la capacité de production de la compagnie pétrolière saoudienne Aramco. Le site concerné pompe 5,7 millions de barils de pétrole par jour, soit 5 % de la production mondiale.

Abqaiq est donc le plus grand complexe de traitement du pétrole au monde. Il est situé dans la province saoudienne de Ash Sharqiyah, dans le désert, à environ 60 kilomètres au sud-ouest de l’agglomération de Dharan-Dammam-Khobar.

Abqaiq : une plus grande menace pour les marchés du pétrole que le détroit d’Ormuz

Selon des initiés, Abqaiq a toujours été une plus grande menace pour les marchés pétroliers que le détroit d’Ormuz. En fait, Abqaiq est reconnu depuis des années comme le risque de sécurité numéro 1 sur les marchés pétroliers, en raison de son importance pour le système d’exportation saoudien. C’est la principale cible des terroristes, des dissidents et des groupes paramilitaires étrangers. Surtout quand il s’agit d’un conflit armé avec l’Iran.

Mais une attaque coordonnée sur le site avait toujours été considérée comme improbable jusqu’à présent. Mais désormais, ce n’est plus le cas. Malgré une surveillance et des mesures de protection extrêmement strictes, Abqaiq n’a pas pu  résister à une attaque par drones. Sur une photo satellite publiée par l’agence de presse Bloomberg, cinq immenses panaches de fumée sont clairement visibles. Le résultat de la combustion des puits de pétrole.

Abqaiq

La question est maintenant de savoir comment réparer rapidement les dégâts causés au site et comment le protéger contre de nouvelles attaques. À plus long terme, les Saoudiens sont confrontés à un défi encore plus grand. A savoir, comment réduire leur dépendance à l’égard d’Abqaiq et rediriger les flux de pétrole afin que les attaques futures causent moins de dégâts. L’attaque obligera également les Saoudiens à revoir le conflit au Yémen, les relations avec l’Iran, les États-Unis et d’autres superpuissances régionales.

L’attaque est une mauvaise nouvelle pour Aramco

L’attaque est une nouvelle particulièrement mauvaise pour Aramco, qui prépare son introduction en bourse. La société est sans aucun doute un « outlier« , un cas particulier. Le mois dernier, on avait annoncé qu’Aramco avait réalisé un bénéfice de 46,9 milliards $ (41,8 milliards d’ euros) au premier semestre de 2019. C’était 11,5 % de moins par rapport à la même période l’an dernier. La cause de la chute est, bien entendu, la chute des prix du pétrole. Pourtant, le groupe conserve facilement son statut d’entreprise la plus rentable au monde. À titre de comparaison : Apple, la société cotée en bourse la plus lucrative du monde, a enregistré un bénéfice de 31,5 milliards de dollars (28 milliards d’euros) au cours de la même période. 

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