Les patates permettront de créer les briques des bases martiennes… Et mieux que le sang humain

De la fécule de patate, un peu de sel, et de la poussière de la planète rouge : la recette pour obtenir un superbe béton spatial ultra-résistant est toute simple. Et tant mieux, car jusqu’ici l’alternative plus ou moins crédible avancée était de lier le mortier avec le sang et la sueur des astronautes.

Pourquoi est-ce important ?

Aller sur Mars c'est une chose. S'y installer pour y vivre un certain temps c'en est une autre, mais vu la durée du trajet, c'est une étape absolument essentielle avant de se préparer à un voyage retour. Et comme on ne peut pas tout emmener avec soi, les agences spatiales expérimentent des méthodes pour faire pousser de la nourriture et créer des matériaux de construction et du carburant pour fusée directement sur la planète rouge.

Des patates dans la poussière rouge

Comment se construire des abris et s’assurer des récoltes de subsistance sur Mars ? Deux enjeux auxquels on pense pouvoir répondre de la même manière : avec des patates.

  • La principale ressource dont disposeront les astronautes pour se construire des abris sera la poussière martienne. Reste à trouver l’adjuvant idéal pour en faire des briques. Or, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Open Engineering, la fécule de pomme de terre fait très bien l’affaire.
  • En mélangeant du sol martien ou lunaire simulé, de la fécule de pomme de terre et du sel, les chercheurs ont obtenu du « StarCrete » (mot-valise basé sur « concrete » ; du béton spatial,donc), qui s’avère deux fois plus résistant que le béton conventionnel.
  • On calcule la résistance à la déformation avec une unité de pression ou de contrainte, le mégapascal (MPa). Le béton terrestre ordinaire affiche une résistance de 32 MPa, mais son équivalent entre poussière martienne et patates atteignait les 2 MPa, tandis que le mélange utilisant du régolithe lunaire simulé s’est avéré encore plus résistant, avec 91 MPa.
  • En outre, et ce n’est pas négligeable : il suffit de 25 kg de pommes de terre déshydratées pour produire près d’une demi-tonne de StarCrete, ce qui est suffisant pour sculpter plus de 200 briques.C’est particulièrement léger par rapport au poids des matériaux de construction habituels, et en astronautique, chaque kilo compte.
Un premier échantillon de StarCrete fait en laboratoire. (Image credit: Aled Roberts/University of Manchester)

De la sueur et du sang

Les pommes de terre – devrons-nous dire « pommes de Mars ? » – ne sont pas les seuls adjuvants envisagés pour jouer aux grands bâtisseurs sur Mars. Dans une logique de recyclage et d’économie des ressources poussée très loin, une étude précédente envisageait d’utiliser les diverses sécrétions et autres liquides corporels des pionniers de la planète rouge.

  • Selon une étude de l’université de Manchester en Angleterre publiée en 2021, il est possible de fabriquer des briques en combinant de la terre lunaire ou martienne avec une protéine présente dans le sang humain et un composé appelé urée provenant de la sueur, des larmes ou de l’urine.
  • Le sang animal a servi de liant au mortier dans de nombreuses civilisations antiques. Une idée qui a inspiré le chercheur Aled Roberts et son équipe. Mais « Le concept est littéralement à glacer le sang » admettait-il. De toute évidence, les briques à la patate auront plus de succès. D’autant que l’un des dangers des longs voyages spatiaux est, justement, le risque d’anémie.
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