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Pas de pétrole, pas d’investissement: le Texas éjecte BlackRock et plusieurs banques européennes de ses énormes fonds de pensions

Pas de pétrole, pas d’investissement: le Texas éjecte BlackRock et plusieurs banques européennes de ses énormes fonds de pensions
Getty Images

Une loi de l’Etat américain du Texas interdit l’accès aux fonds de pension aux entreprises qui désinvestissent le secteur du pétrole et du gaz. Les entreprises ont été passées au crible, et selon le responsable, des grands noms comme BlackRock, Crédit Suisse, BNP Paribas et UBS boycottent le secteur. Ils seront donc éjectés des fonds de pension – qui pèsent des centaines de milliards de dollars.

A l’heure où le monde entier tente petit à petit de se détourner des énergies fossiles, au Texas, c’est le tout au pétrole. A tel point que ceux qui n’investissent pas dans le Big Oil ne sont plus les bienvenus : ils risquent d’être éjectés des fonds de pension de l’État du sud des USA.

Cette loi est entrée en vigueur il y a un an et l’audit est désormais terminé : le mastodonte BlackRock, neuf banques européennes (dont Crédit Suisse, BNP Paribas et UBS) et 350 fonds individuels ne seraient pas conformes, conclut l’enquête menée par l’inspecteur financier Glenn Hegar. « Chacune des entreprises a fait l’objet d’un examen approfondi sur la base de critères tels que les engagements qu’elles ont pris auprès de groupes d’investisseurs visant à réduire les émissions, comme le Climate Action 100+, ou le fait qu’elles aient fixé des objectifs ambitieux de réduction des émissions pour les entreprises de leur portefeuille », explique-t-il, cité par Reuters. Dix d’entre elles boycottent même le secteur des énergies fossiles, clame-t-il.

Les entités publiques, comme le fonds de pension Teacher Retirement System qui pèse quelque 200 milliards de dollars, ont maintenant un mois pour indiquer combien d’argent est engagé dans les sociétés retenues.

« Pas compatible avec le devoir d’agir dans le meilleur intérêt des personnes »

Avec ces mesures, le Texas veut protéger ses compagnies pétrolières et gazières. Mais est-ce encore viable d’investir dans le pétrole, alors que les moteurs thermiques sont voués à disparaître et qu’on fait la guerre au plastique ?

Certes, ce changement ne se fait que très lentement, mais à plus long terme, BlackRock estime que les seuls investissements viables sont ceux tournés vers des éléments respectueux de l’environnement. Les entreprises qui ne se tournent pas vers le zéro-carbone disparaîtront, expliquait Larry Fink, le patron du plus important gestionnaire d’actifs du monde (plus de 8.000 milliards de dollars), en début d’année.

Le groupe gère environ 20 milliards de dollars pour des fonds publics du Texas. Il ne voit donc pas la décision d’être exclu de ces fonds d’un bon œil. « Les fonctionnaires élus et nommés ont le devoir d’agir dans le meilleur intérêt des personnes qu’ils servent », rétorque-t-il. « Politiser les fonds de pension de l’État, restreindre l’accès aux investissements et avoir un impact sur les rendements financiers des retraités n’est pas compatible avec ce devoir. »

L’investissement dans le pétrole a de beaux jours devant lui

Dans le monde de l’investissement, on devient aussi de plus en plus regardant à l’étiquette ESG (environnemental, social et [bonne] gouvernance). Mais les sociétés d’investissement ne passent pas à des placements écoresponsables en un claquement de doigts. De nombreuses banques, dont certaines des institutions bancaires retenues par Hegar, continuent d’ailleurs d’investir massivement dans le pétrole, voire le charbon.

Voilà d’ailleurs ce que rétorquent les banques au fonctionnaire. Tant UBS et Crédit Suisse indiquent ne pas boycotter le secteur. D’autres banques, comme JPMorgan et Vanguard, qui voient quelques-uns de leurs fonds spécifiques repris sur la liste des bannis, disent la même chose.

Il y a beaucoup d’argent dans ces fonds de pension, et les banques ne voudraient sans doute pas les voir passer sous leur nez. L’investissement dans le pétrole a dans tous les cas encore de beaux jours devant lui.

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