Paranoïa Poutine : comment le Covid-19 est en partie responsable de cette guerre très dangereuse

C’est peut-être un mauvais titre pour un album de Bob et Bobette, mais c’est l’amère réalité. La guerre en Ukraine a pris naissance dans l’esprit du dirigeant russe qui, si l’on en croit des sources proches, vit désormais dans un monde imaginaire qui lui est propre. Cela rend cette guerre vraiment dangereuse, car bientôt les émotions prendront le pas sur la raison. Ce qui est à son tour le résultat de l’isolement social dans lequel Poutine est tombé après la pandémie de Covid-19.

Poutine s’est littéralement isolé à la suite du Covid-19

La revue médicale The Lancet a récemment publié un article qui dresse un tableau clair et inquiétant de la crise Covid actuelle : les périodes d’isolement, même de moins de 10 jours, peuvent avoir des effets durables, avec la présence – jusqu’à 3 ans plus tard – de symptômes psychologiques.

De façon inattendue, cette photo devient une icône qui restera dans l’histoire comme un symbole de la mondanité de l’ex-agent du KGB, Poutine (Source : Isopix).

Aristote a tout dit : l’homme est un « animal social », incapable de vivre isolé des autres. Nous avons besoin des autres pour développer notre identité personnelle.  Mais plus dangereux encore : si nous n’avons pas suffisamment de contacts sociaux, la raison s’effondre.

En outre, conformément à la réglementation en vigueur, nous avons commencé à nous comporter « comme si » d’autres personnes étaient potentiellement dangereuses pour notre santé et celle de nos proches.

Il n’y a donc qu’un pas à franchir pour percevoir son prochain comme une menace directe. Poutine a pris cet isolement au pied de la lettre, comme le montrent toutes les photos du Kremlin lorsqu’il reçoit des visiteurs ou même ses ministres, ce qui le pousse toujours plus loin dans la solitude.

Il n’écoute plus que lui-même

Tatiana Stanovaya, du bureau d’analyse politique R. Politik, affirme que Poutine ne « demande plus de conseils« . Il donne des tâches et fait des demandes. Celles-ci sont ensuite exécutées.

Elle déclare : « Il vit replié sur lui-même depuis deux ans. Il s’est éloigné de la machine bureaucratique, de l’establishment, de l’élite. Il passe beaucoup de temps seul avec ses propres peurs et pensées. »

Poutine en visite en 2020 dans un hôpital où ont été soignés des patients atteints par le coronavirus (Source : Isopix)

Il vit ses propres fantasmes

Comme si cela ne suffisait pas, cet isolement signifie que Poutine ne vit plus que dans son propre monde imaginaire. Manfred Kets De Vries, professeur à l’Insead et expert mondial des organisations et des dirigeants névrosés dans le monde des affaires et de la politique, explique la psychologie qui se cache derrière ce phénomène.

Le processus se déroule comme suit. Votre cerveau est comme un programme qui est codé par des événements traumatiques ou euphoriques et par les interactions profondes que vous avez avec d’autres personnes. Ces codes deviennent une sorte de guide qui vous dirige dans la vie. C’est à partir d’eux que naissent les souhaits sur la façon dont vous vous voyez idéalement vous-même et votre contexte.

Concrètement, ces souhaits se transforment en fantasmes. Il ne s’agit pas d’idées aléatoires, mais des éléments constitutifs de la personnalité. L’un des fantasmes de Poutine aujourd’hui est que l’Occident le menace de toutes les manières et ne l’accepte pas, conséquence d’un certain nombre de traumatismes.

La chute du mur de Berlin et le refus catégorique de l’OTAN

Sans aucun doute, la chute du mur de Berlin est le numéro un. C’était un vrai traumatisme pour lui.  À l’époque, il était stationné à Dresde en tant qu’agent du KGB. Un Poutine amer a dû subir l’éclatement de l’Union soviétique, après lequel il a perdu toute sa puissance.

Un autre événement important a eu lieu quelques années plus tard. Au début de sa présidence, Poutine avait cherché à rejoindre l’OTAN. Mais lorsqu’on lui a dit qu’il devait en faire la demande, M. Poutine a répondu « qu’il n’avait pas l’habitude de faire la queue, comme un certain nombre d’autres pays qui n’ont pas d’importance ». C’est ce que dit George Robertson, qui a dirigé l’OTAN de 1999 à 2003. Rétrospectivement, c’était en fait une opportunité incroyablement manquée. Dès lors, les choses ne se sont jamais améliorées et le président russe s’est senti complètement isolé.

Espérons que le bon sens prévaudra. Cela ne semble pas être le cas. Il se pourrait bien que Poutine s’enfonce davantage et que nous soyons dans une très longue période d’incertitude.


L’auteur Xavier Verellen est le PDG de la scale up QelviQ, qui a des bureaux à Anvers et à New York. QelviQ est une entreprise de l’Internet des objets qui commercialise une solution pour servir les vins à la température idéale dans le monde entier. www.qelviq.com

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