Le sommet de l’OTAN à Vilnius a été marqué par beaucoup de tensions. À la veille du sommet toutefois, le président turc Erdogan a surpris en indiquant qu’il ne s’opposait plus à l’entrée de la Suède dans l’alliance. Cependant, les projecteurs étaient surtout braqués sur l’Ukraine, qui a participé au sommet avec beaucoup d’impatience. Ce qui n’a pas été du goût de certains autres participants.

Remarque : Les Britanniques et les Américains critiquent Zelensky, qui considérerait le soutien occidental comme acquis.

• « Que cela vous plaise ou non, les gens veulent parfois recevoir un peu de reconnaissance », a lâché Ben Wallace, le ministre britannique de la Défense visiblement irrité, à Vilnius. Wallace estimait que l’Ukraine témoignait de peu de gratitude pour tout le soutien occidental, alors qu’on lui demandait son avis sur une potentielle invitation de l’Ukraine à rejoindre l’OTAN. Cette invitation dans l’Alliance se fait toujours attendre, ce qui frustre Zelensky. Selon Wallace, l’Ukraine gagnerait à adopter une approche différente, avec plus de flegme, semble-t-il.
• Ce n’était pas la première fois que Wallace demandait à Kiev d’être un peu plus reconnaissante pour tout le soutien reçu. « Quand j’ai passé onze heures de route (vers Kiev, NDLR) juste pour obtenir une simple liste de courses, j’ai dit que je n’étais pas Amazon », a évoqué Wallace. Selon lui, Zelensky est habitué à obtenir ce qu’il veut et dès qu’il obtient un certain type d’arme, il fait immédiatement pression pour obtenir la suivante.
• Zelensky a réagi à Vilnius, quelque peu vexé : « Comment puis-je exprimer ma gratitude ? Peut-être devrions-nous exprimer notre gratitude personnellement au ministre chaque matin après notre réveil ? Je ne comprends vraiment pas l’essence de cette question », a répondu l’Ukrainien.

Une frustration également exprimée par les États-Unis

• Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, a soutenu Wallace : « Le peuple américain mérite un peu de reconnaissance », a-t-il envoyé, en réponse à la question d’un activiste sur le fait que Biden bloquerait l’adhésion de l’Ukraine par crainte de voir la Russie perdre. « Les États-Unis se sont engagés à fournir une énorme capacité pour fournir aux soldats ukrainiens des munitions, des systèmes de défense aérienne, des armes, des véhicules de combat et des engins de déminage. »
• Kaja Kallas, Première ministre d’Estonie, s’est fait la voix de la réconciliation. Selon elle, ces débats passionnés entre les parties concernées montrent à quel point elles sont préoccupées et veulent toutes le meilleur. « J’ai vraiment l’impression que tout le monde veut aider autant que possible l’Ukraine. Je comprends que l’Ukraine soit frustrée parce qu’elle veut la paix, comme nous l’avons au sein de l’OTAN », a-t-elle déclaré au Financial Times.

Zelensky a bien reçu le message

• Sur le chemin du retour vers Kiev, le président ukrainien a diffusé une vidéo pour informer les Ukrainiens de l’avenir de son pays après le sommet de l’OTAN. Mais il a également pris le temps de remercier chaleureusement les partenaires occidentaux.
• « Je suis reconnaissant de tous ceux qui ont travaillé par unité avec nous à Vilnius. Je tiens à remercier le président Biden et les États-Unis qui montrent que le leadership américain est nécessaire pour la liberté dans le monde. (…) Je remercie la Lituanie d’avoir organisé ce sommet. Merci pour chaque drapeau ukrainien dans les rues. Et merci pour les émotions. »
• Et les remerciements ne se sont pas arrêtés là. « Je remercie les pays et les dirigeants qui préparent la formation de nos pilotes sur les avions de combat F-16 ». Les cinq minutes suivantes sont du même ton, l’Ukrainien citant chaque pays de l’OTAN.

Confirmation : De nombreux contacts bilatéraux aboutissant à de nouveaux paquets d’aide et à des garanties de sécurité du G7.

• Il a été annoncé mardi que de nombreux pays de l’OTAN lançaient officiellement un programme pour former des pilotes ukrainiens et des équipes au sol à travailler avec des avions de combat F-16. Les Pays-Bas ont informé qu’ils mettraient des avions à disposition, tandis que la Belgique apportera une aide spécifique dans le domaine de la formation. Les autres pays participants sont le Danemark, le Royaume-Uni, le Luxembourg, la Norvège, la Pologne, le Portugal, la Roumanie et la Suède.
• Zelensky est également revenu de Vilnius avec une liste de courses remplie. La Norvège enverra encore deux systèmes de défense antiaérienne NASAMS à Kiev, l’Australie a promis trente véhicules Bushmaster et la France fournira des missiles SCALP (nom français du Storm Shadow, déjà fourni précédemment par le Royaume-Uni). Dans le même temps, l’Allemagne a annoncé un nouveau paquet d’une valeur de 700 millions d’euros, comprenant notamment 40 véhicules de combat Marder et 25 chars Leopard 1.
• Le G7, le groupe des sept plus grandes puissances démocratiques (dont l’Union européenne), a indiqué qu’il maintiendrait également ces livraisons d’armes à long terme, a déclaré le président américain Biden à l’issue de sa rencontre avec Zelensky. Les soldats ukrainiens recevront un meilleur équipement, les programmes de formation en cours et les exercices militaires conjoints seront étendus. Cela a de nouveau suscité un « merci » de la part de Zelensky, qui avait visiblement bien compris le message de Wallace.
• Cependant, Zelensky n’a pas pu ramener sa plus grande récompense à Kiev : l’adhésion à l’OTAN, ou du moins une ligne directrice claire sur la possibilité de cette adhésion. La plupart des partenaires sont d’accord pour éviter un conflit direct entre la Russie et l’OTAN, et donc l’Ukraine ne pourra rejoindre l’OTAN que lorsque la guerre sera terminée. Lorsqu’on lui a demandé à quelle vitesse l’Ukraine pourrait rejoindre l’OTAN ensuite, Biden a répondu brièvement mais clairement : « 1 heure et 20 minutes ».

MB