Operation Yellowhammer : un rapport secret révèle l’impréparation du Royaume-Uni à l’approche d’un probable “no-deal Brexit”

En cas de « no-deal Brexit », c’est à dire un départ de l’Union Européenne sans accord, le Royaume-Uni risque d’être confronté à des pénuries de produits de base, au chaos dans ses ports, au rétablissement d’une frontière avec l’Irlande et à une augmentation des coûts sociaux. C’est ce qu’affirme un rapport du gouvernement top secret dont le Times a eu communication. 

Ce rapport, auquel on a donné le nom de code « Operation Yellowhammer », vise à présenter les conséquences du scénario qui semble désormais le plus probable : un « no-deal Brexit ». Cependant, il se veut réaliste, et non pessimiste. Ainsi, plutôt que de décrire ce qui se passerait en cas de réalisation des hypothèses les plus défavorables, il se borne à dépeindre ce qui se passera réellement selon toute vraisemblance. Il s’agit de l’examen le plus exhaustif concernant la préparation du Royaume-Uni à un Brexit sans accord, précise le Times.

Peu de progrès réalisés depuis le mois de mars

Et ses conclusions ne sont guère reluisantes pour le gouvernement britannique. Elles révèlent une très grande impréparation des services publics et des entreprises à l’égard de ce qui semble désormais inélictable. Le rapport affirme notamment que peu de progrès ont été réalisés dans la planification du départ depuis le mois de mars de cette année, qui marquait à l’origine la date du divorce du Royaume-Uni d’avec l’UE. Il impute cette relative inertie à une lassitude à l’egard du Brexit, qui aurait bloqué ces préparatifs.

Des pénuries, des émeutes, le chaos dans les ports de la Manche

Ainsi, il prévoit que le manque de préparation des sociétés de transport routier implique que jusqu’à 85 % des camions empruntant les grands ports sur la Manche « ne seront peut-être pas prêts » pour les douanes françaises. Certaines des prévisions les plus pessimistes concernent en effet le franchissement de la frontière française. Les perturbations importantes dans les ports britanniques qui y seraient associées pourraient durer jusqu’à trois mois.

Ces blocages, ainsi que les complications subies par les transporteurs routiers, sont susceptibles de provoquer des pénuries de carburant, de médicaments et de produits alimentaires. Dans certains cas, ces produits de base subiront des hausses de prix qui mettront à l’épreuve les populations les plus vulnérables. De même, les services sociaux verront leurs coûts augmenter.

Enfin, le rapport prédit d’importants retards dans les aéroports desservant des destinations européennes, et dans les grands points de passage ferrovaires liés à Eurotunnel (notamment la gare de St Pancras), mais aussi dans le port de Douvres.

Ces difficultés provoqueront des licenciements, des grèves, et des mouvements sociaux.

Le retour d’une frontière dure avec l’Irlande… et des troubles politiques

Le rapport table sur le retour d’une frontière dure entre l’Irlande du Nord, qui fait partie de la Grande-Bretagne, et la République d’Irlande, membre de l’Union européenne. Il indique en effet que les plans actuels visant à éviter des contrôles généralisés ne sont pas viables. Cela suggère aussi que des troubles pourraient émerger dans cette région, et que l’on pourrait assister à la resurgence de manifestations, de blocus et même, à des actions directes.

Lundi,  Michael Gove, le ministre en charge des préaprations pour le Brexit, s’est fendu d’un tweet pour affirmer que ce rapport était « un scénario du pire » et que des mesures significatives avaient été prises au cours des 3 semaines précédentes pour accélérer les préparatifs en vue du divorce. Quant au ministre britannique de l’Energie, il a estimé que les craintes de pénuries d’approvisionnement étaient « alarmistes ».

Un no-deal Brexit préférable à Jeremy Corbyn Premier ministre

« La fuite du dossier Yellowhammer souligne la frustration au sein de Whitehall face au manque de transparence des préparatifs du départ de l’UE, », écrit le Times. « L’absence d’une image claire des relations futures du Royaume-Uni avec l’UE a entravé les préparatifs, car elle « ne fournit pas de situation concrète à laquelle les tiers pourraient se préparer », peut-on lire dans le document.

Un sondage de YouGov réalisé ce weekend montre que près de la moitié des Britanniques (49 % exactement) préféreraient que leur pays quitte l’UE sans accord, plutôt que de confier le pouvoir au dirigeant du Labour Jeremy Corbyn, afin qu’il organise un nouveau référendum sur la question du Brexit. Ils n’ont été que 35 % à soutenir cette seconde hypothèse.

Pourtant, les Britanniques s’opposent encore majoritairement à un « no-deal Brexit ». Ils sont 49 % à estimer qu’il s’agit d’une éventualité inacceptable, contre 38 % qui pensent le contraire.

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