Nos avons repéré avec certitude au moins deux objets qui viennent d’au-delà de notre système solaire. Des croiseurs si mystérieux qu’il serait dommage de rater l’occasion de percer leurs secrets.
Intercepter un objet venu d’un autre système stellaire ? Cela semble bien à notre portée
Pourquoi est-ce important ?
Ce sont des objets venus d'ailleurs, dans tous les sens du terme. Les astronomes ont, ces dernières années, repéré plusieurs objets stellaires qui semblent bien avoir surgi du vide interstellaire pour se promener dans notre système solaire. Ils suscitent donc autant de questions que de fantasmes.Les faits : son nom signifie « premier messager d’une contrée lointaine » en hawaïen, et cela correspond très bien à ‘Oumuamua. Découvert le 19 octobre 2017 par le télescope Pan-STARRS 1 installé sur l’Observatoire du Haleakalā, à Hawaï, cet objet spatial de 160 m de long est considéré comme le premier objet interstellaire observé – à l’exception de quelques poussières traversant notre système aperçues en 1994. Il a été rejoint en 2019 par la comète 2I/Borissov.
A l’abordage : mode d’emploi
- Les objets interstellaires observés ont suscité bien des fantasmes : on n’a pas pu s’empêcher de songer à des vaisseaux spatiaux sortis du grand néant. C’était particulièrement le cas pour ‘Oumuamua qui, en plus d’être le premier observé, ressemble à s’y méprendre à un dirigeable de l’espace avec sa silhouette allongée en forme de cigare. Mais ces objets sont certainement d’origine parfaitement naturelle.
- Et il est possible que nous allions le vérifier un jour. Une équipe de chercheurs américains a dévoilé un brouillon d’article consacré à la possibilité d’aborder un jour un de ces croiseurs venus de très loin.
- Maintenant que nous avons les moyens techniques de détecter ces objets – l’étude estime qu’on pourrait en détecter jusqu’à 10 par an – il suffit juste de placer un « intercepteur interstellaire » au bon endroit pour ne pas manquer le rendez-vous. L’endroit idéal serait probablement le point de Lagrange L2 Terre-Soleil. Une zone où les champs gravitationnels de différents astres s’associent pour créer un endroit stable, où rester stationnaire ne demande que très peu de carburant.
- Ça tombe bien : c’est dans cette zone que la NASA compte mettre en orbite son observatoire spectroscopique dans le domaine temporel (Time-domain Spectroscopic Observatory – TSO). Ce télescope, en collaboration avec le Near Earth Object Surveyor qui devrait résider au point de Lagrange L1 du système Terre-Lune, pourrait aisément repérer tout objet proche de la Terre qui pénètre dans le système solaire interne.
- Il ne restera plus qu’à attendre que le croiseur passe à proximité pour lui envoyer l’intercepteur. Les auteurs calculent qu’il y a 85 % de chances qu’une sonde placée à L2 soit capable de trouver un objet intéressant de la taille de ‘Oumuamua dans les 10 ans.
En savoir plus sur les confins stellaires
L’enjeu : aborder un croiseur interstellaire permettra tout d’abord de prouver qu’il ne s’agit pas là d’envahisseurs venus d’outre-espace, bien bien de simples objets naturels, même si ‘Oumuamua nous parait exceptionnel. Dans son cas, ça serait aussi l’occasion comprendre pourquoi il n’a pas développé de queue cométaire. Et puis ça n’est pas tous les jours qu’on peut espérer toucher un objet surgi des confins ultimes de notre système ; même en ignorant ce qu’on peut y trouver, cela vaut largement le coup d’y jeter un œil.