Nvidia doit 15% de ses faramineux bénéfices aux achats de puce d’un seul pays, et ce n’est pas une des superpuissances économiques habituelles

On pourrait penser que l’essentiel des revenus du géant des puces Nvidia provienne de la rivalité entre les deux géants, Chine et USA, ou encore d’autres acteurs économiques et technologiques incontournables comme le Japon. Mais ça serait négliger l’impact de Singapour.

Nvidia bat tous les records et Singapour frôle le podium

Des revenus impressionnants : Nvidia a annoncé des résultats trimestriels records, en octobre dernier, bien meilleurs qu’attendu. Son chiffre d’affaires atteignait 13,51 milliards de dollars, contre 11,22 milliards de dollars attendus. Et le bénéfice net représentait 6,19 milliards de dollars, contre 656 millions de dollars un an plus tôt.

  • Parmi ces chiffres, on peut noter que 2,7 milliards de dollars des revenus de Nvidia pour le trimestre terminé en octobre provenaient de Singapour, soit environ 15% selon la U.S. Securities and Exchange Commission (SEC).
  • C’est 404,1 % par rapport aux 562 millions de dollars de revenus enregistrés à la même période l’année précédente, pour ce pays.
  • Singapour n’est pas pour autant sur le podium, et arrive quatrième. Sans surprise, les plus gros acheteurs au troisième trimestre restent les États-Unis (34,77 %), Taïwan (23,91 %) et la Chine incluant Hong Kong (22,24 %). Mais il s’en est donc fallu de peu. Or, Singapour a beau être un hub technologique, on parle quand même d’une simple cité-État de six millions d’habitants, au coude-à-coude avec des géants.

« Qu’est-ce qu’une petite ville-état fait avec toutes ces puces ? Construire des centres de données, bien sûr ! Comme la nation est stable et sécurisée, il y a beaucoup de talents, l’infrastructure numérique est solide et les politiques gouvernementales sont favorables aux services numériques et de données. »

Sang Shin, ancien exécutif de Temasek et GIC, dans un post LinkedIn.

Des centres de données qui poussent comme des champignons

80 % des ventes du troisième trimestre de Nvidia provenaient du segment des centres de données, tandis que les jeux, la visualisation professionnelle, l’automobile et les autres composent le reste, relève CNBC après l’étude du dépôt de la SEC.

  • Un secteur en plein boom, mais c’est très récent. Car la cité-État sait qu’elle manque de place, et il a fallu attendre 2019 pour qu’elle lève un moratoire sur l’attribution de terrains à la construction de centres de données.
  • Et ce fut la ruée : il y avait au moins 70 installations de ce type dans ce très petit état à l’été 2022. Une croissance phénoménale, si l’on songe qu’en plus le Covid a frappé entretemps.
  • Singapour est apparue en troisième position mondialement et première en Asie-Pacifique en termes de classements du marché des centres de données, selon un rapport de Cushman and Wakefield relevé par le média économique américain.

« La demande de centres de données à Singapour restera élevée avec la croissance rapide des applications numériques, du commerce électronique, de l’internet des objets, de l’intelligence artificielle, du cryptotrading, des activités de blockchain, des jeux en ligne, etc. Le passage au travail hybride et la numérisation des entreprises ont également contribué à la demande d’espace de centres de données. »

U.S. Securities and Exchange Commission

Du pain bénit pour Nvidia, donc. Reste à voir combien de temps cet engouement se maintiendra, alors que certains analystes – dont Michael Burry – semblent déjà parier à la baisse sur le premier forgeron de microprocesseurs. On notera toutefois que l’entreprise ne veut pas en rester là et a récemment annoncé de nouvelles puces améliorées, spécialement forgées pour surfer sur l’engouement pour l’IA générative.

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