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Deux des plus grands partis allemands pensent déjà à relancer les centrales nucléaires : « Si on est élu, on le fait immédiatement »

Deux des plus grands partis allemands pensent déjà à relancer les centrales nucléaires : « Si on est élu, on le fait immédiatement »
La centrale nucléaire d’Emsland, arrêtée en avril 2023, le président de la CDU Friedrich Merz et le président du groupe parlementaire du FDP Christian Dürr. (Lars Klemmer/picture alliance via Getty Images, Fabian Sommer/picture alliance via Getty Images, Kay Nietfeld/picture alliance via Getty Images)

Au printemps dernier, l’Allemagne a fermé ses dernières centrales nucléaires, malgré la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine. Quelques mois plus tard, le deuxième parti du pays annonce avoir l’intention de les relancer. Et, bien qu’il soit pour l’instant plus timide, un autre poids lourd lui emboîte le pas.

Pourquoi est-ce important ?

Déjà sujette à de vifs débats avant la crise énergétique, la fermeture des dernières centrales nucléaires allemandes a été chaudement critiquée au printemps dernier. Car elle a poussé le pays à miser un peu plus sur les centrales au gaz et à charbon - bien plus polluantes - temps d'arriver au tout renouvelable.

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Dans l’actu : le président de la CDU se positionne pour la relance du nucléaire.

  • Friedrich Merz joue cartes sur table : si son parti revient au pouvoir, il demandera à relancer les centrales nucléaires allemandes.
  • Selon lui, le piteux état de l’économie allemande est en partie lié à la fermeture de ces installations.

La CDU d’abord, le FDP ensuite

Les détails : qu’a-t-il dit ?

  • Dans une interview accordée au Bild, le président des chrétiens-démocrates allemands a fait part de son souhait de relancer les centrales nucléaires de son pays.
  • Un gouvernement dirigé par la CDU « remettrait immédiatement en service les centrales nucléaires déclassées », a-t-il fait savoir.
    • Les chrétiens-démocrates, deuxièmes aux dernières élections, ne figurent pas dans le gouvernement actuel (sociaux-démocrates, écologistes et libéraux-démocrates).  Le prochain scrutin fédéral aura lieu en 2025.
  • Merz a aussi fait un lien entre la sortie du nucléaire, les prix de l’énergie et la situation économique de l’Allemagne. « L’Allemagne est le seul grand pays industriel au monde à voir son économie se contracter. Si la bureaucratie insensée n’est pas rapidement stoppée et si les prix de l’énergie ne baissent pas rapidement, alors 2024 ne sera pas non plus une bonne année », a-t-il déclaré.
  • Outre une relance du nucléaire, il a proposé de réduire la pression fiscale sur l’énergie, sans cibler des secteurs ou des entreprises en particulier : « Un allègement est nécessaire pour tout le monde, pour l’industrie à forte intensité énergétique ainsi que pour les entreprises de taille moyenne, de l’artisanat aux boulangeries. »

Ces propos font écho à ceux d’un autre poids lourd des chrétiens-démocrates allemands : le ministre-président de Bavière Markus Söder. Selon lui, la sortie du nucléaire a fait de l’Allemagne un « moteur à contresens de la politique énergétique ». « Avec la crise, le monde entier se concentre désormais sur le maintien de l’énergie nucléaire comme énergie de transition – seule l’Allemagne ne le fait pas », a-t-il déclaré il y a quelques semaines. Comme nous vous le rappelions ici, c’est pourtant bien la CDU d’Angela Merkel qui avait entamé les grandes manœuvres il y a une bonne dizaine d’années pour enclencher la sortie du nucléaire.

Et ce n’est pas tout : au sein du FDP, on y songe aussi.

  • Le Süddeutsche Zeitung a récemment révélé que les chrétiens-démocrates n’étaient pas les seuls à penser à relancer le nucléaire. Les libéraux (FDP), quatrième parti national et membre de la coalition actuellement au pouvoir, ne l’exclut pas non plus.
  • Le président du groupe parlementaire du FDP a déclaré vouloir proposer d’arrêter le démantèlement des centrales : « C’est la seule façon pour nous de rester capables d’agir dans toutes les situations ».
  • Il a ajouté que l’Allemagne devrait se pencher sur les petits réacteurs modulaires (SMR) – déjà prisés par de nombreuses autres grandes puissances de ce monde -, afin d’analyser s’ils pourraient être utiles aux côtés du renouvelable pour une transition neutre.

Cela a-t-il vraiment une chance de passer ?

Les réactions :

  • La ministre fédérale de l’Environnement, l’écologiste Steffi Lemke, a directement donné une fin de non-recevoir à la proposition avancée dans les médias par les FDP : l’Allemagne ne stoppera pas le démantèlement de ses centrales nucléaires. Les Verts restent fidèles à leur illustre position anti-nucléaire.
  • Quant aux sociaux-démocrates du SPD, s’ils n’ont pas réagi aussi officiellement à la proposition de leurs partenaires de coalition, tout porte à croire qu’ils s’alignent sur les Verts : aucune raison de déjà changer de cap sur le nucléaire.
  • Du côté des géants énergétiques allemands, interrogés par Web.de, c’est non également. Mais pas aussi franchement partout.
    • Chez EnBW, on souligne que toutes les centrales que l’on gérait sont en cours de démantèlement, y compris Neckarwestheim, arrêtée en avril dernier. Et on rappelle qu’un « engagement clair en faveur de la sortie du nucléaire a été fait dans le cadre d’un large consensus politique et social en 2011 ».
    • RWE et E.on sont un peu plus réservées, mais elles confirment que pour l’instant, rien n’indique que les démantèlements seraient amenés à être stoppés.

Conclusion : dans un futur proche, il semble très peu probable que l’on assiste à un réel revirement de l’Allemagne sur ses centrales nucléaires. En revanche, cela devrait devenir une thématique incontournable en vue des élections fédérales de 2025. La CDU semble en tout cas en avoir déjà fait son son cheval de bataille.

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