Vers une nouvelle crise de la dette en Grèce ?

Dans une situation de crise qui couve à l’échelle de l’Europe, certains pays ont les reins moins solides que d’autres. Et c’est le cas de la Grèce qui commence – à nouveau – à susciter des inquiétudes : la dette publique d’Athènes atteint désormais les 357 milliards d’euros, s’approchant des 200% du PIB. Pas une bonne nouvelle avec la hausse des taux d’intérêt.

La dette publique grecque a augmenté de manière significative par rapport à l’année dernière, dans un contexte de crise mondiale de prix et d’inflation élevée, portant le niveau total de la dette à 193 % du PIB. La République hellénique est confrontée à une inflation qui a atteint 11,6% en juin, en hausse par rapport aux 10,5 % enregistrés en mai 2022, l’un des taux les plus élevés de la zone euro. Parallèlement, selon les données du service statistique grec (ELSTAT), la dette publique a augmenté de 13,417 milliards d’euros entre le premier trimestre 2021 et le deuxième trimestre 2022.

Risque réel de faillite de l’État

Les revenus du pays ont bien légèrement augmenté, passant de 16,340 à 18,982 milliards sur un an, mais c’est loin d’être assez pour combler la hausse vertigineuse des dépenses qu’a provoquée la dernière série de crises, du coronavirus aux disettes énergétiques, selon Dtefan Legge, professeur d’économie à l’université de Saint-Gall en Suisse. « La crainte est de retour que l’Italie ou la Grèce ou d’autres pays ne puissent pas se permettre des niveaux d’intérêt plus élevés et puissent finalement faire faillite », prévient-il, précisant au passage que la péninsule italienne aussi suscite de vives inquiétudes.

Il faut rappeler que le pays sort à peine de la crise précédente. En 2008, l’emballement de la dette publique de la Grèce a menacé de s’étendre à l’Union européenne et a plombé l’économie d’Athènes, par les craintes qu’elle a fait naître chez les investisseurs sur la capacité de la Grèce à rembourser sa dette publique et par le poids du paiement de ses intérêts. Elle n’est considérée comme résolue que depuis 2018.

Le retour des agences de notation

Début juillet, l’agence de notation Fitch Ratings a donné à la Grèce une perspective BB positive, mais a averti que le ratio d’endettement d’ici 2024 devrait toujours figurer parmi les plus élevés et être plus de trois fois supérieur à celui des autres pays ayant obtenu une note BB.

La flambée des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et du carburant a suscité d’importantes critiques à l’égard du gouvernement et des rumeurs d’élections anticipées à l’automne. Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, élu en 2019, a déclaré que cela ne se produirait pas, car sa priorité reste de mener à bien toute une série de réformes.

La hausse des taux de la BCE

La BCE a annoncé hier une hausse des taux directeurs de 0,5%, ce qui augmente la charge sur la dette et fait porter un risque plus grand aux pays très endettés de la zone euro.

Alors qu’une prochaine hausse des taux est attendue en septembre, la BCE a lancé également un outil anti-fragmentation censé protéger les pays les plus exposés. En gros, avec cet instrument, la BCE pourra acheter des obligations d’État (d’une durée comprise entre un an et dix ans), émises par des pays qui sont en difficulté de financement.

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