« Nous entrons dans un monde où ce que nous voyons et entendons ne sera jamais garanti comme étant réel »

Le guide des pessimistes 2018 de l’agence de presse Bloomberg contenait une prédiction remarquable sur l’avenir. « En 2025, personne ne saura ce qui est vrai ou faux sur internet. Facebook, Twitter et Google cesseront d’exister. »

Deux ans plus tard, dans un essai intitulé « The Supply of Disinformation Will Soon Be Infinite » (L’offre de désinformation sera bientôt infinie), Renée DiResta, directrice de recherche du Stanford Internet Observatory, expliquait que la diffusion de fake news – par le biais de textes, d’images ou de vidéos « deep-fake » – allait bientôt devenir d’une facilité inimaginable.

« Le programme d’IA GPT-3 est déjà si bon que vous pouvez lui donner un sujet et un ton. Il produit ensuite autant d’essais que vous le souhaitez. Généralement avec une grammaire parfaite et un niveau de cohérence surprenant. Dans un an ou deux, lorsque le programme aura été mis à niveau vers le GPT-4, il sera encore plus performant. »

2,6 millions de visages artificiels hyperréalistes

Ces personnes n’existent pas. (Photo : photos générées)

Mais il y a plus… Nous savions déjà comment générer des visages artificiels hyperréalistes. (Ce site en a 2,6 millions en stock) mais une équipe de chercheurs de l’Université Rockefeller de New York fait aujourd’hui sensation en développant un algorithme qui prédit également ce que vous penserez de ces « personnes » de toutes sortes de manières (« honnête », « séduisant », « gay », « religieux »…).

Dans son livre « 21 leçons pour le XXIe siècle« , le philosophe et penseur israélien Yuval Harari écrit que la démocratie repose sur la prise de décisions rationnelles. Notre cerveau pèse le pour et le contre, et se fait ensuite une opinion. Sur cette base, nous donnons notre voix à un parti ou à un autre.

Mais le XXIe siècle restera dans l’histoire comme le début d’une ère où les possibilités de manipuler la vérité atteignent des niveaux sans précédent.

La question est de savoir si tout cela va durer jusqu’en 2025. Car nous sommes sur le point d’affronter un monde où ni les visages ni les mots ne seront garantis comme étant réels. Quel impact cette technologie aura-t-elle sur ce que nous considérons comme vrai ou faux ? Comment allons-nous gérer nos entreprises ou élire des politiciens ? Comment prendrons-nous nos décisions dans un tel monde ? Toutes des questions sans réponse. Mais on devrait peut-être commencer à y songer.

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